Alexandre Mirlicourtois, de l’institut d’études économiques Xerfi, explique pourquoi l’Allemagne a besoin des réfugiés. Mais ça, on le sait tous : rétablir la balance démographique, qui était déficitaire, et mettre les migrants au travail, parfois à 80 centimes de l’heure, selon la bonne vieille méthode germanique. Il oublie une chose d’importance : ce que les dominés appellent le social, et que les dominants appellent populisme.
Ce que les économistes ou les analystes mainstream ne voient pas – ou ne veulent pas voir –, ce sont les conséquences sociales de cet apport de main d’oeuvre, c’est-à-dire le choc entre, non pas les civilisations, mais les populations. Ils ne les calculent pas, car l’outil de balance sociale d’un peuple n’existe pas encore.
Pourtant, si elle échappe aux chiffres, elle est déterminante. C’est pour cette raison que Merkel a été battue dans son fief par les nationalistes de l’AFD. Irrémédiablement, le social retrouve le politique, qui est acoquiné avec l’économique.
On peut maintenir et contrôler le social, c’est-à-dire la réponse des peuples, pendant un certain temps, mais les techniques démocratiques (la démocratie est un ensemble de techniques de paralysie du social, on dit aussi de contrôle social) s’usent de plus en plus vite. Après le mensonge, vient la force de l’État, et de ceux qui le contrôlent.
Un État policier est donc la réponse « démocratique » à la résistance populaire, ou à la remise en question des choix de la dominance, résistance qui s’exerce contre les décisions oligarchiques, mues principalement par le profit. Merkel travaille objectivement plus pour le patronat allemand que pour les villageois qui accueillent, ébahis, des centaines de migrants pas toujours compatibles avec le german way of life.
Certes, on pourra arguer que la dominance allemande prend le risque social pour sauver sa démographie, mais il faut alors s’interroger sur le pourquoi de cette chute de la fécondité, en l’occurrence depuis 1972. Si la crise économique qui débute dans les grands pays occidentaux dans les années 1970 produit une baisse des naissances, c’est que les peuples en question, en toute inconscience, programment leur propre disparition.
Avant même l’apport des 14 millions d’Allemands de l’Est, après 1989, la population allemande décroissait mécaniquement, et dangereusement. Une tendance lourde mais pas fatale, on le voit avec le lent rétablissement de la Russie, qui est partie de beaucoup plus bas que l’Allemagne, en termes de catastrophe démographique.
Une approche pluridisciplinaire est alors nécessaire, pour intégrer dans les calculs économiques de nos décideurs oligarchiques, le facteur social. En Allemagne comme en France, les dirigeants n’en prennent pas vraiment le chemin. Le social s’impose alors sous une autre forme, dite populiste. Car c’est le seul chemin possible : toutes les voies démocratiques sont – ô surprise – bouchées, neutralisées, ou interdites. Et la cocotte-minute commence à siffler...