Le loup ayant peur de l’homme, il suffit que le berger (on dit éleveur, aujourd’hui) dorme avec ou à côté de ses bêtes pour que le prédateur n’approche pas. Sauf que le berger 2015 n’est plus le berger 1815 : il dort au chaud, au village, ou à la ville, et remonte vers la bergerie située près des pâturages en… moto.
Et les patous, nous direz-vous ? Eh bien, parfois, il arrive que ces chiens impressionnants capables d’attaquer un promeneur aux gestes trop vifs pactisent avec leurs frères loups. C’est pourquoi les loups peuvent croquer tranquillement de la brebis, et parfois, en tuer un bon paquet d’un coup, parce que le prédateur ne comprend pas qu’un herbivore se laisse tuer sans broncher. Dixit un officier des Eaux et Forêts, qui nous a expliqué en outre que les directives Sarkozy et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux ont déséquilibré ce secteur, qui doit désormais « faire des bénéfices », sinon être autonome financièrement. Adieu service public de nos fières forêts, qui avaient été si bien entretenues depuis Colbert.
Les éthologues ont observé que la présence d’une meute de loups fortifiait les proies potentielles, en ce sens qu’elle « prélève » les bêtes malades ou affaiblies – ça tout le monde le sait, même notre neveu de 6 ans qui a fait un exposé là-dessus devant son institutrice socialiste – tout en renforçant le capital génétique des autres. Des proies plus vigilantes, plus musclées, plus rapides, et pas ces gros imbéciles de moutons abrutis par TF1. C’est une image.
Depuis que les Américains ont réintroduit le loup dans le Yellowstone, toute la chaîne alimentaire se porte mieux. Sinon, en Isère et en Savoie, ça fait belle lurette que les chasseurs se « font un loup » en douce, hors statistiques. Les prélèvements officiels, opérés par un gendarme spécialisé - le lieutenant de louveterie -, ne sont que poudre aux yeux. Le dossier est donc loin de se résumer à un simple affrontement entre écolos et chasseurs, défenseurs de la biodiversité et éleveurs.
Les amis du loup doivent savoir que les meutes se multiplient à partir de couples, ouvrant de nouveaux territoires de chasse, et remontant jusqu’au centre de la France (après avoir recolonisé le Massif central) et le Haut-Rhin. Le loup alpha – un ou plusieurs gris - étant passé d’Italie à la France par le Mercantour. En dix ans, leur population a été multipliée par dix, passant de 30 à 300 individus. Répertoriés. Les éleveurs, eux, protègent légitimement leurs troupeaux, même si pas mal d’animaux malades ou mordus par des chiens errants (beaucoup plus nombreux que les loups en montagne) passent pour « égorgés par des loups ». Un loup qui a bon dos !
De la même façon, dans les Pyrénées, les dégâts attribués à la vingtaine d’ours en liberté ne sont rien par rapport à la mortalité naturelle des brebis, due aux maladies, parasites, foudre, et autres chiens errants… L’association Ferus relève que 1000 brebis meurent chaque semaine sur les départements pyrénéens, qui ne peuvent toutes être attribuées à l’ours.