Poutine est populaire, le Festival de Cannes ne l’est pas, et le cinéaste de propagande Loznitsa encore moins. C’est pas avec ce genre d’article que Le Point va faire baisser la cote du Tsar russe.
« Le président russe Vladimir Poutine a ramené la Russie "au Moyen-Age", a estimé jeudi à Cannes le cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa, tout en apportant son soutien au réalisateur russe Kirill Serebrennikov, empêché de se rendre dans cette ville pour présenter son film "Leto", en lice pour la Palme d’or. » (Le Point)
La 71e édition de Cannes ? Tout le monde s’en fout. Même nous on n’a plus envie d’écrire les mêmes salades (cannoises) sur les mêmes « œuvres » pénibles à voir. On a lâché l’affaire, ça nous fait des vacances.
Canal+, la chaîne qui médiatisait le truc – en profitant goulûment des fêtes à papa Weinstein (prononcez « Vinnstine » si vous voulez pas passer pour antisémite comme cette pauvre tanche flippée de Meryl Streep) – pour un million d’euros par jour pendant la durée du Festival, ne fout plus un kopeck dans l’affaire, tellement les gens s’en branlent. Il n’y a plus que les stars et les « journalistes ». Le public, lui, a fui. Les plans sont de plus en plus resserrés :
Il reste autour du Martinez deux cougars habillées panthère, quelques putes de plage (comme les puces du même nom) qui viennent renifler les couilles de vrais/faux producteurs, des « indé » avec leur « long » ou leur « court » qu’ils aimeraient voir financer, et puis des studios, des chaînes de télé bref, du business qui n’intéresse pas le populo.
Vu la tournure des événements, Mee Too et Schiappa, on devrait avoir droit à un florilège de prix féminins cette année. Et pourquoi pas, un prix d’interprétation masculine refilé à une femme « pour tout le mal que Weinstein a fait aux actrices américaines qui pleurent ». On déconne à peine, tout est possible dans ce monde où les fous ont pris le pouvoir.
Ah, l’affaire du cinéaste russe. Voici ce qu’en dit Le Point :
« Assigné à résidence dans son pays, M. Serebrennikov n’a pas pu monter les marches du 71e Festival de Cannes mercredi soir pour la projection de son film sur la légende du rock soviétique Viktor Tsoï. "C’est comme si on était revenu au Moyen-Age où un souverain décide de tout", a ajouté M. Loznitsa, présent à Cannes pour y présenter son film "Donbass", sur le conflit armé dans cette région de l’est de l’Ukraine. "Quand je pense à Poutine, je pense aussi au Macbeth de Shakespeare", a-t-il encore dit, évoquant ce personnage corrompu et dévoré par l’ambition du dramaturge anglais. »
« "C’est une guerre hybride qui se déroule en même temps qu’un conflit armé, accompagné de meurtres et de vols à une échelle massive et se traduisant par l’humiliation progressive des civils", souligne M. Loznitsa, dans sa note de présentation du film. "Les situations et les circonstances qui semblent absurdes, grotesques, voire comiques et impossibles à imaginer, se passent véritablement". »
Le film de Loznitsa, Donbass, projeté en ouverture de la section parallèle Un certain regard, parle évidemment du conflit qui déchire l’est de l’Ukraine entre l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses. Ni une ni deux, Le Monde a relayé la chose :
« C’est en tant que documentariste que le cinéaste a chroniqué la révolution ukrainienne. Il aurait été trop risqué pour lui de tourner dans les régions tenues par les partisans de l’union avec Moscou. En Crimée, autre région ukrainienne passée sous contrôle russe, son collègue Oleg Sentsov a été condamné à vingt ans de bagne, qu’il purge en Sibérie. »
Nous voilà sous Joseph-Vladimir Staline-Poutine ! Vive la cinéma, vive le propagande !