La chaîne d’infos RT France a été liquidée sur décision de l’Union européenne, incarnée par la commissaire politique corrompue Ursula von der Leyen, qui se comporte en autocrate.
Et personne, dans la presse française, n’a hurlé contre ce viol de souveraineté et cette censure abjecte.
De l’article de L’Express émane un étrange fumet de soulagement, celui du bloc médiatique mainstream français, à la fois impopulaire et sous perfusion de subventions, qui avait été mis pendant 4 ans face à la réalité de sa soumission au pouvoir.
La nuit est tombée, boulevard des Italiens, dans le très chic IIe arrondissement de Paris. Pour le premier anniversaire de RT France, politiques, journalistes et personnalités d’influence se pressent sous la verrière du Centorial, le siège mythique du Crédit Lyonnais, devenu un centre d’affaires. Pas très loin de l’entrée, Xenia Fedorova, maîtresse de cérémonie et directrice de la chaîne, accueille ses invités en anglais, sourire aux lèvres. Un peu plus loin, l’économiste Jacques Sapir, éditorialiste de RT France, est là aussi, accompagné de son épouse. On y croise aussi des personnalités politiques, comme François Asselineau, président de l’UPR, le tout nouveau patron des Patriotes, Florian Philippot, ou Georges Kuzmanovic, président de République souveraine et ex-lieutenant de Jean-Luc Mélenchon.
« Tout Paris était dans ses soirées, assure Alain Juillet, ex-directeur du renseignement à la DGSE et ancien animateur de l’émission La source sur RT France. J’y ai croisé des hommes politiques, des gens du Medef, tout le monde ! »
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D’anciens journalistes de chaînes d’info
Pour constituer ce navire amiral de l’information russe en France, qui devrait être prochainement liquidé, décision de l’Union européenne oblige, Moscou n’a pas lésiné sur les moyens. Un budget de vingt millions d’euros pour recruter une équipe affûtée de près de 150 personnes. Le recours à un chasseur de têtes, aussi, pour les postes les plus exposés, via l’entreprise Talent Sphere, un « cabinet de conseil en ressources humaines », qui travaille notamment pour M6, Arte, ou France Télévisions.
Aussi, les premiers noms à affluer dans l’encadrement ne sont pas d’obscurs cadres moscovites, mais des figures connues pour leur passé dans les salles de rédaction parisiennes. Parmi eux, Jean-Maurice Potier, ex-journaliste de LCI, catapulté « directeur adjoint de l’information ». Ou encore Nadia de Mourzitch, ex-directrice adjointe des programmes de TF1 de 2001 à 2010, devenue directrice des programmes de RT France.
D’autres noms, venus de M6 ou encore de feu I-Télé, les rejoignent. « Je préparais mon émission avec un ancien journaliste de BFM », relate Jacques Sapir. Afin de susciter des vocations, RT se montre généreux dans un milieu sinistré. « Ils offraient des CDI et des salaires plus élevés que la moyenne. Beaucoup de pigistes et de gens sortis d’école les rejoignaient », se rappelle un ancien journaliste, qui a récemment quitté l’entreprise.
Tête de gondole
Fortement inspirée par CNN, la chaîne de télévision en continu – américaine ! – diffusée à l’international, RT France obtient le canal 362 de la Freebox, le numéro 176 de Canal +... et se cherche des têtes de gondole. D’après Jacques-Marie Bourget, membre de son comité d’éthique, Xenia Fedorova songe un temps à Frédéric Mitterrand, avant qu’il ne l’en dissuade. « Je lui ai dit “ah non pas lui !”, et je lui ai vivement suggéré Frédéric Taddeï », assure-t-il, pas peu fier. Après un premier refus, l’animateur accepte finalement la quotidienne Interdit d’interdire, à son départ de France Télévisions, et offre à RT France sa seule vraie « star ». Des invités jusqu’ici réticents viennent « pour Taddeï ». Ils acceptent parfois d’apparaître dans d’autres émissions, pour le plus grand plaisir des programmateurs. « Un programmateur, désormais dans un autre média, m’a un jour dit “C’est incroyable, maintenant, tout le monde me répond !” », raconte un ancien responsable de la rédaction.
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À ses débuts, RT France semble avoir pour unique objectif de faire vivre le fameux « point de vue russe » dans le monde francophone. Mais les choses changent avec les gilets jaunes. Très vite, les journalistes de la chaîne sont de chaque manifestation, reconnus par les participants. « C’est simple : à chaque fois que je m’y rendais, je les voyais aussi », décrit Didier Maïsto, ancien patron de Sud Radio et auteur du documentaire La France oubliée pour RT France.
« Ce n’est pas sorcier : quand vous êtes un petit média, le meilleur moyen de se démarquer est d’aller sur des sujets où les autres ne vont pas. On a perçu un déficit de couverture du sujet, on y est allés », nous indique un rédacteur en chef de l’époque. La formule fonctionne : le groupe gagne en popularité sur les réseaux sociaux, notamment auprès des gilets jaunes.
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La faillite des démocraties occidentales
La couverture des gilets jaunes lui permet de développer une marotte déjà exploitée dans les autres filiales de Russia Today à l’étranger : la faillite des démocraties occidentales.
« Pour montrer les failles des Occidentaux, Russia Today a une stratégie locale, qu’elle décline selon les pays, décrypte Fabrice Epelboin, lui aussi intervenant sur la chaîne. En France, ils ont exploité l’idée qu’il y a un problème avec la liberté d’expression. Ils couvraient les sujets que les autres n’abordaient pas, et donnaient la parole à ceux qui ne l’avaient pas. »
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Forte de cette ligne éditoriale, la chaîne sert de rampe de lancement à de nouveaux toutologues aux idées anti-système. « Pour moi, RT, c’était la chaîne de la dissidence en Occident », résume Georges Kuzmanovic. Les jeunes loups ambitieux se pressent pour faire leurs classes, espérant obtenir un passeport pour des médias davantage regardés. L’avocat Pierre Gentillet ou l’ancien chroniqueur de Valeurs Actuelles Kevin Bossuet, qui ont notamment pris la lumière grâce à RT, officient par exemple désormais sur CNews. Au moins deux programmateurs ont également fait le transfert entre les deux médias.
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