La Banque centrale européenne a augmenté la limite de crédits pour les banques grecques. Athènes jure que les banques sont solides.
La Banque centrale européenne (BCE) a augmenté vendredi le plafond de crédits disponibles pour les établissements grecs sous le programme dit Emergency Liquidity Assistance (ELA). La hausse atteint 3,3 milliards d’euros, selon Athens News Agency, soit le plus fort montant depuis la mise en place de cet instrument en février dernier. Il y a trois jours, la limite avait déjà été élevée de 1,1 milliard d’euros, pour atteindre 84,1 milliards. L’ELA a été conçu comme étant le dernier moyen de financement de l’Etat grec, qui ne peut plus lever de fonds à court terme sur les marchés financiers.
« La BCE a augmenté le plafond de près de 20 milliards ces derniers mois », fait remarquer Christopher Dembik, économiste en chef de Saxo Bank, à Paris. « C’est clairement une décision politique dans le but de maintenir les banques grecques à flot et par conséquent la Grèce dans la zone euro. » Selon lui, la BCE s’attend à un dénouement positif lors du sommet européen spécial prévu pour lundi prochain à Bruxelles. Celui-ci a été convoqué d’urgence suite à l’échec de la réunion de l’Eurogroupe (ministres des Finances de la zone euro), jeudi, de trouver un accord qui éviterait à la Grèce de faire faillite. Athènes doit rembourser 1,2 milliard d’euros au Fonds monétaire international à la fin du mois. L’institution a déjà fait savoir qu’elle n’accorderait aucune période de grâce.
« L’action de la BCE vise aussi à rassurer les épargnants grecs afin qu’ils ne se ruent pas vers les guichets bancaires pour effectuer des retraits », poursuit Christopher Dembik. La presse grecque ne rapportait pas de situation de panique bancaire vendredi. Pourtant, un tel phénomène a bel et bien lieu. Le Financial Times de vendredi fait état de retraits de 3 milliards d’euros cette semaine, soit trois fois plus que ces dernières semaines. Il ajoute que 30 milliards d’euros ont été retirés depuis le début de l’année, mais sans panique. Le chef économiste de Saxo Bank estime les dépôts bancaires en Grèce aujourd’hui à 100 milliards d’euros, soit la moitié par rapport à 2009, date du début de la crise.
« Dans le scénario du pire, il y aurait une accélération des retraits bancaires lundi en anticipation d’un échec du sommet européen », poursuit Christopher Dembik. Mais selon lui, la BCE et la banque centrale grecque se montrent rassurantes. Cette dernière a publié un communiqué vendredi affirmant que la solidité du système bancaire du pays n’était pas remise en cause. Après deux jours de chute, la bourse d’Athènes s’est relevée ce vendredi de 0,57%, à 687,33 points, suite à cette annonce.
Benoît Cœuré, membre de la direction de la BCE, avait, selon l’agence Reuters, averti jeudi que l’avenir de la Grèce était devenu tellement incertain qu’on pouvait se demander si les banques grecques ouvriraient leurs portes lundi prochain. « Un tel risque serait à prendre au sérieux », réagit Christopher Dembik. « En cas de « bank run », Athènes n’aura d’autre choix que d’introduire d’urgence des mesures de contrôle des capitaux. Une telle situation conduirait inévitablement au Grexit. » Le gouvernement grec a catégoriquement rejeté un tel scénario.