La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, acceptée par une majorité de Britanniques, n’en finit pas d’animer les débats. Nous avons contacté le musicien de jazz et essayiste Gilad Atzmon, qui vit à Londres depuis de nombreuses années et qui connait particulièrement bien la scène politique et médiatique britannique, pour qu’il nous livre son analyse sur le Brexit. En allant au delà de l’analyse régionale, il souligne notamment que la bataille contre le mammonisme fait partie de la grande guerre à venir.
Suite au discours de victoire de Nigel Farage, vous avez marqué ceci sur votre mur Facebook : « Il est facile de comprendre pourquoi les travailleurs britanniques soutiennent Farage et pas le Parti travailliste… » Pouvez-vous élaborer un peu ?
C’est en effet assez facile à expliquer. Les idées de Farage sont cohérentes et conformes. Elles reflètent les sentiments des pauvres, des opprimés, de ces travailleurs qui ont été réduits à une classe sans travail. Que Farage soit ou non en mesure d’y répondre demeure une question ouverte, mais il offre clairement une perspective de changement qui est alimentée par une gloire nostalgique et un fort sentiment d’appartenance.
De l’autre côté, Corbyn n’a pas grand chose à offrir. Mais ce n’est pas entièrement de sa faute. La philosophie du Parti travailliste est contradictoire et parsemée de trous noirs. D’un côté, Corbyn et son Parti travailliste prétendent représenter les travailleurs et les pauvres. Mais Corbyn et son parti souscrivent également aux idées du marxisme culturel et du cosmopolitisme qui prônent une politique pro-immigration, de diversité et de l’identité ainsi que différentes mesures qui vont dans le sens du conformisme. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’on ne peut pas soutenir à la fois les travailleurs et à la fois une politique en faveur de l’immigration qui met en danger les emplois locaux.
Dans les jours qui ont suivi le Brexit, nous avons vu Farage parler de manière directe aux travailleurs britanniques, se référant aux perspectives d’un renouvellement de la production, de logements, et d’un nouvel avenir. Corbyn, de son côté, a fini par parler de manière passionnée en faveur des réfugiés et contre le racisme. Il n’y a aucun doute sur le fait que ce sont des sujets importants, mais pas vraiment séduisants en ce qui concerne la classe sans travail.