La capitale allemande attire des centaines de Roms de Roumanie. Lors de courts trajets en Europe occidentale, dans le but de pratiquer la mendicité de rue, les Roms gagnent des sommes qu’ils ne seraient pas en mesure d’atteindre chez eux. Ils consacrent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à cette activité dans les parcs et dans les gares. Des dizaines d’entre eux ont installé des tentes à l’ombre de la Chancellerie fédérale.
« C’est pour les enfants », a appris Pascal, 27 ans, de la part d’une femme qui fouillait les poubelles de la gare principale de Berlin et qui triait, tant bien que mal, des os de poulet.
L’étudiant en informatique, choqué, qui fait également vivre sa propre famille, a suivi la vieille femme « chez elle » – à proximité d’un pont.
Il a pu y découvrir une trentaine de tentes, sans eau, ni électricité ou sanitaires à disposition, qui sont occupées par une centaine de Roms de Roumanie. Certaines familles n’ont envoyé que des hommes en occident, leurs femmes et leurs enfants les attendent à la maison. D’autres ont pris l’initiative d’amener en Allemagne, non seulement leurs enfants, mais également des femmes enceintes. « Nous allons rester encore trois ou quatre mois. Nous récoltons de l’argent pour le trajet vers la maison », explique un des habitants de ce petit village, dans un allemand approximatif au journal BZ. « Nous pouvons rester ici, la ville ne nous pose pas de problèmes », ajoute le trentenaire Ion Popescu.
Ils ne reçoivent toutefois pas un euro de la part de la mairie ou du gouvernement, ils comptent sur la générosité des Allemands. Dans le cas de Pascal, cela leur a été bénéfique. La rencontre près de la poubelle ainsi que la visite de ce village de tentes ont tellement touché l’étudiant qu’il a vendu son téléphone portable et apporté un panier plein de victuailles sous le pont.
Les tentes poussent comme des champignons le long de la ligne ferroviaire mais également sur les limites de la Chancellerie
L’histoire de Pascal et des centaines de mendiants démunis est apparue la semaine dernière dans les journaux allemands. Peu après cela, la chaîne publique RBB a découvert un autre village de tentes. Elle évoque « environ une trentaine de migrants, essentiellement de Roumanie », qui se sont installés directement à proximité des voies ferrées dans la gare de Westkreuz, à l’ouest de la capitale.
Les autorités locales sont mécontentes de leur présence. Les tentes ont toutefois été installées sur une parcelle privée, l’expulsion des occupants est donc entre les mains des propriétaires. « En tant qu’organe de régulation, nous ne pouvons pas nous y rendre et y mettre de l’ordre », a dit aux journalistes le conseiller municipal de la circonscription, Marc Schulte.
Même là où les autorités pourraient agir, les camps de visiteurs des Balkans ne disparaissent pas. L’un de ces camps s’étend au bord de la Spree qui s’écoule dans le quartier gouvernemental, au cœur même de la ville. Au dessus des tentes insalubres, où dorment, d’après le quotidien Die Welt, des centaines de Roms qui s’ajoutent à des migrants d’autres pays, on retrouve l’imposante coupole du parlement allemand, le siège post-moderne de la Chancellerie fédérale.
Cette activité, qui consiste à s’asseoir dans la rue en exhibant une pancarte, où les visiteurs des Balkans en appellent à la miséricorde et réclament des pièces aux passants, n’est pas une nouveauté en Allemagne. Il y a deux ans, le magazine Der Spiegel a mis en garde sur cette activité qui, de manière organisée, peut s’avérer être rentable. D’après lui, les citoyens roumains déjà installés en Allemagne attirent leurs compatriotes en leur promettant un travail bien payé. Ils finissent toutefois souvent par se retrouver dans la rue, les genoux à terre, et par redistribuer les contributions des passants à leurs « employeurs ».
Un couple a gagné en un week-end le double d’un salaire moyen
Ils essaient de renforcer leurs gains en faisant appel à des petits enfants, ce qui a décidé, d’après Deutsche Welle, le gouvernement allemand à administrer des amendes salées de plusieurs centaines d’euros aux contrevenants. Rien que le fait de proposer une amende aussi élevée donne une idée des gains que certains mendiants des rues peuvent atteindre.
Tout cela est corroboré par l’expérience d’autres pays riches, en Scandinavie ou au Royaume-Uni. L’année dernière, avant Noël, le tabloïd Daily Mail a établi combien pouvait gagner un mendiant grâce à la générosité des Londoniens.
Un couple de mendiants balkaniques, qui a payé 38 Livres Sterling (48 euros) son billet d’avion depuis Bucarest, aurait gagné 800 Livres Sterling (1000 euros) lors d’un week-end avant Noël. D’après le journal, le couple a envoyé l’argent à ses enfants restés en Roumanie. À titre de comparaison, le salaire moyen en Roumanie est de 425 euros, soit moins de la moitié de cette somme.
Traduction à partir du tchèque de l’article MF Dnes par Alimuddin Usmani pour lapravda.ch.