Née d’une mère porteuse belge, Donna, vendue par Internet, restera aux parents les plus offrants.
Pour trancher un conflit entre deux femmes à propos d’un bébé, le roi Salomon avait laissé parler l’instinct maternel. Pour régler le sort d’une fillette de trois ans, réclamée par deux couples, le tribunal d’Utrecht a donné raison… au plus offrant. La petite Donna, née d’une mère porteuse belge qui l’avait revendue à un couple de Néerlandais, après l’avoir « promise » au Belge Bart Philtjens, son père biologique, et à sa compagne stérile, restera donc aux Pays-Bas.
« D. est un petit enfant qui a besoin de protection afin de bien se développer. Pour D., la relation la plus importante de sa vie est celle avec ceux qui l’élèvent, ses parents adoptifs. Elle n’a jamais connu d’autres parents qu’eux », a estimé le tribunal.
Les juges n’ont même pas accordé de droit de visite au père biologique… Ils ont cependant permis que les services de protection de l’enfance puissent organiser une éventuelle rencontre. Le tribunal a également ordonné que les parents adoptifs soient placés sous surveillance de ces services pour un an, précisant qu’ils avaient donné « l’impression » de ne pas être « assez conscients des exigences que l’histoire particulière de D. leur pose en tant qu’éducateurs ».
La partie adverse étudie la possibilité de contester le jugement. « Nous ne comprenons pas qu’un enlèvement d’enfant, que représente la vente de ma fille sur Internet, puisse être avalisé dans un pays européen », se lamente Bart Philtjens.
Mais, en novembre 2005 puis octobre 2007, la justice néerlandaise avait déjà estimé que Donna devait rester aux Pays-Bas : « L’enfant est bien traitée par ses parents » adoptifs, avait-elle tranché, tandis que Bart Philtjens et sa compagne n’ont « jamais connu de vie de famille » avec elle.
Cette sordide histoire commence en avril 2004 lorsque An Blomme, une jeune Flamande, entre en contact via Internet avec Bart Philtjens et Geertrui Praet, en mal d’enfant. Elle leur propose de porter leur bébé, contre un défraiement de 8 000 euros. En juin, An Blomme se retrouve enceinte, à la suite d’une insémination artificielle avec le sperme de Bart. La paternité sera ensuite établie grâce à une expertise d’ADN.