BHL, invité pour la on-ne-compte-plus-les-fois chez Ruquier, fait son numéro habituel de lanceur de menaces. Nous, on balance des pierres ; lui, tire au Merkava. Mais on dirait que nos pierres (qui touchent) font plus de mal que ses obus (qui tombent à côté). Sinon, pourquoi s’acharnerait-il comme ça ? L’anti-antisémitisme obsessionnel est-il une maladie ?
Si on voulait être méchants, on détaillerait le plateau de l’émission phare de service public de ce samedi 13 février 2016, mais on irait encore dire qu’on est méchants. En recevant BHL, Michel Cymes et Kev Adams, sans oublier Dave qui cumule les appartenances victimaires, Laurent aurait-il reçu des ordres ? Pourquoi n’a-t-il pas mis sa kippa ? Où est la kippa de service public, celle que porte habituellement Manuel Valls ? À la fin, est-ce que les invités font la manche dans le public avec ? Et si oui, combien il faut donner ?
Voyez, quand on prête le flanc à l’humour... Mais écoutons plutôt le Maître des Ombres, le philosophe du Pressing, le géopoliticien de Misrata, le producteur de Navets, le penseur de Tanger, le roi du Pilon, atteint d’anti-soralo-dieudonnisme aigu :
« Par rapport aux époques anciennes, les antisémites d’aujourd’hui, franchement, autrefois, Paul Morand, Louis-Ferdinand Céline, Maurice Barrès, à l’époque de l’affaire Dreyfus... Aujourd’hui, Alain Soral, Dieudonné, et quelques autres... On est vraiment passé des grands esprits aux crânes rasés de la pensée. »
Quel talent ! Quelle puissance ! Quelle envolée ! Là, on rend les armes. Pof, pof, pof, les petites pierres nous tombent des mains. C’est fini, BHL a gagné. On ne peut rien contre une formule-choc. Allez hop, on remballe, la guerre est terminée. Il faut bien un gagnant.
Et comme on n’est pas méchants, on vous épargne les 3 heures 24 minutes d’émission grâce à ce résumé de 93 secondes, largement suffisant, comme BHL :
Voici maintenant le portrait de BHL extrait de l’ouvrage Abécédaires de la bêtise ambiante, réédité il y a tout juste huit ans aux éditions Blanche. Un portrait structurel, toujours valable en 2016...
BHL, le touriste engagé
Chaque fois qu’il sort un livre, il a droit à un publi-reportage dans Match, une interview dans ELLE ; à chaque élection, pour chaque conflit majeur, on l’invite à la télé pour tout nous expliquer. À force il me vient cette question jalouse : pourquoi lui, BHL ?
Quand un syndicaliste parle, on sait au nom de qui : les salariés réformistes, les cadres chrétiens… Quand un politique s’exprime c’est au nom de son parti, mais BHL, il parle au nom de qui ?
Des intellectuels ? il y a quand même plus intellectuel.
Des Français ? Mais BHL n’a-t-il pas fait du mépris de la France et du sionisme inconditionnel ses deux mamelles ?
BHL, le touriste engagé, toujours sur la route, sur la brèche… Pour que le malheur des autres le touche, il faut d’abord que ce soit loin.
Ne comptez pas le voir à Toulouse ou du côté des licenciés de Moulinex, il a la commisération élitiste BHL, le beauf, il méprise : cet éternel facho collabo qui n’a même pas lu Heidegger…
Injuste accusation venant de quelqu’un qui ne répugne pas à coucher avec les Allemands, quand ce sont ceux de la Banque Centrale, lui, le valet permanent de tous les pouvoirs économiques, doté d’un zèle infatigable lorsqu’il s’agit de passer les plats, sur l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan…
Il est comme les femmes BHL, pour lui la vérité, la morale, c’est celle du plus fort.
Pourtant ce rentier aux bras maigres, doté du style emphatique et creux de celui qui n’a jamais eu à gagner sa vie, se rêve depuis trente ans : Malraux, Sartre, Lowry, Gary, Hemingway (n’est ce pas la signature des médiocres de vouloir toujours vivre la vie des autres ?) ; entre deux visites chez son coiffeur, pour maintenir le volume malgré l’alopécie, ce Samson de la plume écrit des articles et des livres. Son apport essentiel : « l’Idéologie française » où il reprend la thèse d’Hannah Arendt (voir article) selon laquelle tous les peuples du monde (appelés populace) seraient depuis toujours attirés par le fascisme, comme la petite bourgeoisie allemande des années 30. Belle occasion pour BHL de justifier, par cette « ontologisation » digne d’une étudiante en psycho 2ème année, son mépris (très peuple élu, très grand bourgeois) du peuple de France, au déni de toute réalité historique.
Du rentier menteur et méprisant BHL ou du peuple de France grâce auquel aucun parti fasciste n’a jamais pu prendre le pouvoir, contrairement à l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne (chaque fois grâce à l’appui de la moyenne et grande bourgeoisie) qui d’après vous est le plus facho des deux ?
Oserais-je faire remarquer à BHL qu’étymologiquement on ne peut pas être démocrate quand on a le mépris du peuple ?
Qu’importe, jonglant avec le faux concept de peuple-totalitaire si utile aux grands seigneurs qui le chouchoutent, nul n’a écrit autant de mensonges énervés, d’âneries ampoulées que BHL sur les évènements contemporains (pour la Bosnie, Ben Laden peut lui dire merci). C’est que lorsqu’il faut souffler dans le sens du vent, BHL ne fait pas dans la dentelle : ne nous a-t-il pas récemment assené, chez le subversif Karl Zero, que ne pas être inconditionnellement pro-américain c’était s’inscrire dans une tradition fasciste ! Je connais quelques uns de ses anciens copains tiers-mondistes que ça n’a pas dû faire rigoler. C’est ça BHL : de gros moyens au service d’une grosse ambition pour un niveau très bas ; comme philosophe même Derrida n’en veut pas !
Pourtant à l’ancienneté, au réseau (l’essentiel de son travail est là), il a fini par s’imposer, en force ; BHL l’escroc servile, le Philippe Sollers de la philosophie.
Tourisme, brushing et réseau…
La seule grosse erreur qu’on lui connaît à ce jour, BHL, c’est d’avoir voulu faire un film (pour le reste sa position lui permet de dire et d’écrire à peu près n’importe quoi). Pensez : là, sans la protection du réseau politico-médiatique et sans le jargonnage qui égare le simple, il nous a montré par le drame, l’image, l’émotion, l’intérieur de sa tête : tourisme révolutionnaire, littérature, alcool, boxe, femmes… un fatras de fantasmes d’ado hypokhâgneux 70 qui rêverait d’être un homme ; une pitoyable farce exotico-érotique digne de « Cœur Caraïbes » sur M6 ; ne manquait plus dans le rôle titre que Vanessa Demouy…
En guise de Vanessa, ce fut Arielle Dombasles, la diva post-moderne qui forme avec Bernard-Henri une si belle paire de têtes à tartes ! (Mais n’a-t-on pas la femme qu’on mérite ?) Arielle Dombasle, quelle actrice ! Qui a oublié sa prestation dans cet autre chef d’œuvre : « Les fruits de la passion » (Argos film 1981, à se procurer en K7 pour rire entre amis), où jouant à fond son rôle de sous-maîtresse d’un bordel de Macao années 30, elle se faisait prendre en levrette par un Klaus Kinsky en chaussettes ! Comme c’était avant qu’elle ne soit entièrement refaite (Arielle doit disputer à Cher le titre « miss chirurgie esthétique » du plus grand nombre d’opérations faciales), à l’époque on filmait surtout son cul, pas trop sa tête…
Sacré BHL, chez lui tout est contrefait, même sa femme !