Pourquoi un intellectuel français juif, défenseur ardent d’Israël, s’est-il rendu en Ukraine défendre une révolution soutenue également par des antisémites notoires ? Pourquoi ce même intellectuel s’est engagé en Libye contre un tyran honni des jihadistes ?
Le philosophe Bernard-Henri Lévy, figure de l’intellectuel engagé, qui fascine autant qu’il agace, répond à ces questions dans son livre le plus personnel à ce jour, L’Esprit du judaïsme, publié mercredi chez Grasset.
« Je suis allé à Ninive », raconte BHL, 67 ans, fin lecteur de l’Ancien Testament. Dans le Livre sacré, l’antique ville de Ninive (sur la place actuelle de Mossoul) est une ville corrompue. Le prophète Jonas est chargé d’annoncer à ses habitants sa destruction. Mais les habitants se repentent. Leur ville est sauvée. Le Dieu d’Israël est le Dieu de tous les hommes. [...]
Le philosophe tord le cou à quelques idées reçues. Le poids de l’extrême droite ukrainienne ? « Toutes les élections postérieures à la révolution ont vu les partis d’extrême droite plafonner à des scores faibles, presque dérisoires, dix fois moins élevés que leurs homologues français du FN », fait-il ainsi remarquer.
Quant à la Libye, soutient l’auteur de La Barbarie à visage humain, une non-intervention était « impensable ». « L’intervention était juste ne serait-ce que parce qu’elle a évité à la Libye un destin syrien », dit BHL en énumérant les maux de la Syrie : la fuite de tout un peuple, une prise de pouvoir de larges territoires par Daech... [...]
« Rien de ce que j’ai fait, je ne l’aurais fait si je n’avais pas été juif », souligne BHL.