J’hésitais à écrire sur la question, tant que les morts de Pittsburgh n’étaient pas encore enterrés. Je sais, c’est une considération inappropriée, pour les mandarins du militantisme. Les juifs américains ont accusé le président Trump, et les juifs israéliens ont accusé les Palestiniens mécaniquement, avant même que les victimes soient déclarées bien mortes. Cependant, on ne peut rien dire de sensé tant que les morts ne reposent pas sous terre. C’est maintenant que l’on peut débattre des responsabilités des uns et des autres.
L’homme qui a tué onze juifs à Pittsburgh l’a fait pour faire entendre son opposition à l’immigration. S’il avait été autorisé à dire cela sur sa page Facebook, au lieu de se retrouver avec un compte bloqué, ces personnes âgées seraient encore en vie. Si le New York Times permettait que s’expriment et soient discutés les sentiments anti-immigration sur le papier au lieu de les priver de toute légitimité, ces vieux messieurs seraient encore en vie. C’est l’obstacle à toute expression d’opinions qui ne soient pas ultralibérales qui avait créé la pression refoulée qui a jeté un homme déjà dérangé dans la folie furieuse.
Quand il n’y a pas un journal, pas une chaîne de télé, pas une page Facebook qui disent ce que vous avez besoin d’entendre dire, tôt ou tard ce sont les flingues qui vont parler. Et ce qui est sûr, c’est que les gens qui ont organisé ce mutisme massif et cette campagne de censure sont des gens assez fins pour s’attendre précisément à ce genre de sortie. De leur part, la surprise n’est certes pas de mise.
Les États-Unis n’avaient jamais connu de tirs contre des groupes de juifs jusqu’à maintenant, mais les États-Unis n’avaient jamais connu non plus de campagne pour museler effectivement au moins la moitié de la population y compris le Président, et pour les empêcher de partager leur point de vue marginalisé. Selon la physique élémentaire, sans soupape de sécurité, une pression contenue déclenche une explosion. Si les problèmes ne donnent pas lieu à discussions, et si les sentiments ne peuvent se ventiler, il y a des gens qui vont mourir.
Le président Trump, une âme simple, a dit que les juifs devaient assurer leur propre protection et installer des gardes armés. Mais les juifs ont largement assez de gardes armés. Il y a une institution créée par Israël qui entraîne et qui arme les juifs pour l’organisation juive en Pennsylvanie. Les juifs américains ont toute chose à profusion, et énormément de pouvoir, mais ils manquent de sens de leur responsabilité. Le pouvoir irresponsable amène l’hybris, puis l’hybris attire la nemesis, qui s’incarne en un flingue au bout d’un bras.
Au lieu de se reconnaître responsables de leurs actes, les juifs préfèrent nier toute responsabilité. Lors d’une manifestation pour s’opposer au président Trump à son arrivée à Pittsburgh, ils ont tout bonnement renié leurs agissements en faveur de l’immigration. Le tireur, disent-ils, « croyait à ces mensonges antisémites selon lesquels les juifs finançaient la caravane partie du Honduras ». En même temps, avant que les victimes soient enterrées, les organisations juives, telles HIAS, juraient qu’elles allaient continuer à fourguer des immigrants au pays qui n’en veut pas, même si c’était contraire à la loi. Ils ont défié les lois en abritant des clandestins et en protégeant les passeurs. Cette disposition à briser ou à faire plier la loi est dangereuse pour un groupe d’élite puissant mais relativement réduit. Ils feraient mieux de s’accrocher à la loi de toutes leurs forces, au lieu de fournir un exemple d’illégalité accrue.
Certes il y a des considérations éthiques qui devraient être au-dessus de la loi, mais pas de façon aussi désinvolte, pas si aisément. Antigone a brisé la loi et a enterré son frère, mais elle ne s’est pas étonnée de devoir mourir pour cette transgression. Mais ces gens-là foulent la loi aux pieds, et s’attendent à ce qu’on les couvre de louanges pour cela.
Pourquoi les juifs américains soutiennent-ils l’immigration, tandis que les juifs israéliens n’autorisent pas les gentils à immigrer dans l’État juif ? Deux poids deux mesures, direz-vous. Ils vous font à vous ce qu’ils ne veulent pas qu’on leur fasse à eux. Ce n’est pas tout-à-fait ça. Les juifs se considèrent comme la seule communauté extraterritoriale, alors que les autres nations sont territoriales. Dans leur prière bien aimée du Nouvel an (Rochachana), les juifs prient le Tout-Puissant qui « ne nous a pas faits semblables aux nations des territoires, aux familles de la Terre ».
Du point de vue juif, la différence entre les nations territoriales [non juives] est de peu d’importance en comparaison avec la distinction existentielle entre les juifs et les nations qui s’identifient avec une terre. C’est pour cette raison que les juifs ne sont pas « racistes », dans la mesure où ils ne pensent pas qu’une race soit préférable à une autre. À l’exception des juifs, bien sûr, qui relèvent d’une histoire totalement différente. Comme tous les gentils se valent pour les juifs, préférer une variété de gentils (autrement dit être raciste) c’est niais et cela n’a pas de sens, selon le point de vue juif.