Cela fait longtemps que les élus et les syndicats martiniquais réclament des renforts de police dans l’île qui connaît une augmentation inquiétante de la délinquance, et de la délinquance armée.
Nous avons signé @SergeLetchimy #JosetteManin #JeanPhilippeNilor et moi une déclaration commune pour exiger de l’Etat des moyens à la hauteur de la gravité des faits de grande délinquance en #martinique pic.twitter.com/nNn9yXOMhj
— Didier LAGUERRE (@Laguerre_D) July 29, 2019
Après ce constat alarmant, la métropole a réagi en envoyant... 8 hommes : « Ces effectifs supplémentaires viennent s’ajouter au renfort de 49 effectifs de police et de 10 militaires de la gendarmerie nationale réalisé depuis 2016 ». Alors qu’en France on voit un nombre inimaginable de policiers et de CRS « sécuriser » des manifestations pacifiques pour la plupart...
« Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur) et Annick Girardin (ministre des Outre-mer), ont décidé d’envoyer des moyens supplémentaires dans les rangs de la police nationale en Martinique. Dès le mois de mars 2020, 4 officiers de police judiciaire et 4 personnels déjà habilités au sein de la BAC "viendront développer les capacités spécifiques de la police nationale permettant de faire face à cette utilisation croissante des armes sur ce territoire". » (la1erefrancetvinfo )
Le ministre des Outre-mer Girardin précise les effectifs totaux :
« Ces renforts supplémentaires viendront appuyer les 686 policiers et 688 gendarmes sur place qui agissent déjà en faveur de la protection des habitants de Martinique. Il n’y a pas de fatalité à l’insécurité dans ce territoire, ni dans aucun autre. »
On parle beaucoup des banlieues chaudes de nos grandes villes, mais les très lointaines « banlieues » que sont nos îles d’outre-mer ne doivent pas être oubliées. S’y développe, comme en Martinique, une délinquance à l’américaine basée sur des gangs armés, et de plus en plus armés.
La surenchère en matière d’armement, que ce soit pour des gangs ou pour des pays, est une constante de nos sociétés. La tentation est grande de s’armer pour se défendre, mais ce cercle vicieux n’a pas de fin : les délinquants seront toujours plus et mieux armés que la population, en achetant les dernières armes (de guerre) grâce à l’argent de la drogue.
En face, même les policiers sont à la rue. Et à la fin, c’est la guerre civile, ou une ambiance de guerre civile, où tout le monde suspecte tout le monde, où les bavures se multiplient, où la paranoïa gagne, ce qu’on peut voir dans les quartiers mal famés (ou très pauvres) de Los Angeles.
Suite à ce réveil tardif des deux ministres concernés, Nuñez et Girardin, les syndicats de police ont applaudi, mais souligné que ce n’était pas assez. La Première a interrogé le secrétaire départemental du syndicat Alliance :
L’américanisation de notre société nous guette, et ce, dans presque tous les domaines : management brutal, déchirement du filet social, concurrence interindividuelle érigée en dogme, destruction des collectifs nécessaires au vivre ensemble, augmentation de l’isolement et de la peur, consommation accrue de sécurité, montée de la violence...
Le profit, lui, reste intouché, et augmente même (voir les business d’Alain Bauer), car la peur est un immense marché (assurances et milices privées) et permet à l’oligarchie de se maintenir sans crainte de soulèvements. Grâce à la délinquance, le capital peut voir venir le social et ne le craint plus.
- Une carte datant déjà de 2008