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Après la visite de Merkel et Hollande à Moscou, les vrais discussions commençent à Munich

François Hollande et Angela Merkel se sont rendus hier au Kremlin afin d’exposer un nouveau plan de paix destiné à éviter une défaite militaire et un effondrement du régime de Kiev.

« Nouveau plan de paix », car il y a quelques jours, Vladimir Poutine a suggéré au duo franco-allemand des pistes pour résoudre le conflit qui ravage l’Ukraine. Après avoir obtenu le feu vert de Washington et rencontré le président ukrainien jeudi, après que ce dernier s’est entretenu avec John Kerry, Hollande et Merkel ont pris le chemin de Moscou, où ils ont négocié pendant cinq heures avec M. Poutine.

Nouvelle rouerie du locataire de l’Élysée : tenter de faire croire (comme Sarkozy au sujet du règlement du conflit entre la Russie et la Géorgie en 2008) qu’il est à la manœuvre, en distillant des petites phrases empruntes de fermeté telles que : « L’option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment. » Une fanfaronnade indécente : on imagine mal les restes de l’armée française s’enlisant dans les neiges de l’Est sous l’étendard de l’OTAN pour sauver Kiev.

Imprudent Hollande, qui divulgue également des détails sur ce nouveau plan de paix à la nouvelle petite protégée de l’Élysée, Maryse Burgot, journaliste d’État, alors qu’aucune ligne n’a été écrite à ce sujet. Ainsi parle-t-il d’une « zone démilitarisée de 50 à 70 km de chaque côté de la ligne de démarcation en Ukraine » et évoque-t-il encore une forte autonomie des territoires occupés par les rebelles : « Ces gens-là se sont fait la guerre. Ce sera difficile de leur faire partager une vie commune », avant de parler de garanties sur « l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

Si les propos du chef de l’État français s’avèrent conformes au plan, qui n’a pas encore fait l’objet d’un accord, il s’agira ni plus ni moins que d’entériner la sécession des républiques de Donetsk et de Lougansk, voire une région plus étendue, les médias allemands parlant d’« un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu’ici ». En revanche, si la démarche franco-allemande échoue, M. Hollande se sera définitivement ridiculisé et, au-delà, aura décrédibilisé la parole de la France à l’international.

Autre son de cloche à Berlin, où la chancelière allemande semble doucher les ardeurs de son homologue français :

« Il n’est pas certain que ces discussions aboutissent (...) mais nous partageons avec le président François Hollande le point de vue que cela vaut le coup d’essayer. »

De passage à Tulle après Moscou, alors que la chancelière Merkel se rend à la deuxième journée de la conférence sur la sécurité de Munich, François Hollande a tenté un rétro-pédalage :

« Je savais que ce serait difficile, je savais que c’était risqué mais je savais que c’était indispensable. Je suis donc dans le processus. Je ne veux pas donner de pronostic, je suis aujourd’hui dans la recherche, qui prendra encore quelques jours, pour aboutir à une conclusion. Tant que le but n’est pas atteint, tant que l’accord n’est pas signé, il y a un risque. »

Côté russe, le porte-parole du président russe a parlé de « négociations constructives et substantielles » et d’« un possible plan commun », qui prendrait en compte les propositions de Paris, Berlin, Kiev et Moscou. Les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand doivent dialoguer par téléphone dimanche afin de faire un premier bilan sur les éléments du texte qui doit régler le conflit.

Cependant, rien n’est acquis : aujourd’hui a lieu la deuxième journée de la conférence sur la sécurité de Munich. Le trio Merkel/Biden/Porochenko va échanger sur le dossier ukrainien (on remarquera l’absence d’un représentant français lors de ces échanges), puis aura lieu une série d’entretiens entre Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry.

La visite de Merkel accompagnée d’Hollande apparaît désormais comme un hors-d’œuvre destiné à préparer le terrain pour les discussions entre les vrais acteurs de poids en Europe : les États-Unis, la Russie et l’Allemagne.

Voir aussi, sur E&R :

En savoir plus sur cette machine de guerre atlantiste qui menace la paix en Europe, chez Kontre Kulture :

 






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