François Hollande et Angela Merkel vont se rendre à aujourd’hui à Kiev et vendredi à Moscou afin de tenter de faire cesser les hostilités qui ont pris de l’ampleur depuis plusieurs semaines dans l’est de l’Ukraine.
Officiellement inquiets du sort des civils dans le conflit ukrainien, il apparaît que le président de la République et la chancelière, informés de la situation critique de l’armée de Kiev, qui après s’être fait délogé de sa position à l’aéroport de Donetsk, est en passe d’être encerclée à Debaltsevo, souhaitent éviter la déroute aux hommes du président ukrainien Porochenko.
La précipitation dans laquelle ces déplacements ont été organisés et annoncés fait également écho aux récentes déclarations d’officiels étasuniens, qui s’interrogent sur ou demandent expressément la livraison d’armes, comme des missiles antichar et des drones, au régime de Kiev. Ce matin, John Kerry, le chef de la diplomatie, était déjà à Kiev pour discuter du soutien de Washington au pouvoir ukrainien.
Une initiative du couple franco-allemand soutenue par l’Alliance atlantique, qui, dans une duplicité qui lui est familière, a fait des annonces qui n’ont rien pour apaiser les tensions avec le Kremlin. Ainsi, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a annoncé que la « NATO Response Force » (force de réaction rapide de l’OTAN) allait voir ses effectifs atteindre les 30 000 hommes, et qu’en son sein serait créée une « Very High Readiness Joint Task Force » de 5 000 soldats des quatre armes (terre, air, mer et forces spéciales) : un « fer de lance » destiné à être projeté en quelques heures pour les premiers éléments et entre deux et cinq jours pour son ensemble sur n’importe quel théâtre d’opérations (Europe mais aussi Afrique du Nord et Proche-Orient) et cela en réponse « aux actions agressives de la Russie, qui a violé la loi internationale et annexé la Crimée ».
Le noyau dur de cet instrument au service des intérêts de Washington devra être opérationnel en 2016. Le Royaume-Uni sera le premier pays à prendre le commandement de l’ensemble en 2017. La France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Pologne et la Turquie ont également annoncé leur candidature pour encadrer cette force.
À l’issue de la réunion des ministres de la Défense au siège bruxellois de l’OTAN, il a été également annoncé la création de « NATO Forces Integration Units » : des quartiers généraux locaux d’une quarantaine de membres, destinés à coordonner les manœuvres des troupes internationales et l’arrivée de renforts en cas de conflit. Au nombre de six, ils seront mis en place en Pologne, en Lituanie, en Estonie, en Lettonie, en Roumanie et en Bulgarie.
En attendant sa rencontre avec le couple franco-allemand et face à l’irrésistible avance des troupes rebelles, le président ukrainien Porochenko a réclamé de l’OTAN « davantage de soutien » militaire à son pays, notamment « la fourniture d’armes modernes pour se protéger et se défendre face à l’agresseur ». Alors que son armée est coutumière des bombardements massifs au lance-roquettes multiple sur les populations du Donbass, il a ajouté :
« La paix, on doit la défendre, c’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’une armée forte avec des nouvelles armes. Cela va nous aider à défendre la population civile contre les lourdes attaques des terroristes. »