Edouard Bassourine, commandant adjoint des indépendantistes de la République de Donetsk, a fait savoir que les combattants provenant de son territoire, combinés aux troupes venues de Lougansk, ont presque achevé l’encerclement des unités fidèles à Kiev et retranchées dans la ville de Debaltsevo, qualifiée de « chaudron » par les séparatistes.
2 000 personnes, dont plus de 600 enfants, ont fui les villes d’Avdeïevka, Svetlodarsk et Debaltsevo. Cette dernière (25 000 habitants) est privée d’eau et d’électricité. Toutes les voies d’accès à ce saillant sont à portée de l’artillerie des rebelles depuis que ceux-ci ont pris possession, samedi, de la ville voisine de Vuhlehirsk après une bataille entre blindés.
Kiev craint que ses soldats (de 5 à 8 000 hommes) ne soient totalement encerclés prochainement. Alexandre Zakhartchenko, président de la république populaire de Donetsk, a offert une reddition honorable à ses adversaires :
« Nous avons refermé le chaudron de Debaltsevo (…) Les gars ! Ma proposition est de déposer les armes et de partir. Vous ne faites pas le poids. Vous avez une chance de conserver votre vie. Rendez-vous et vous vivrez. Je vous promets que vous retournerez chez vous. »
Le dirigeant séparatiste a également fait savoir qu’il comptait faire grossir les rangs de son armée de 10 000 volontaires supplémentaires.
Des manifestations de familles de soldats ont eu lieu à Kiev afin d’obtenir la démission du ministre de la Défense, Stepan Poltorak, et l’envoi de renforts afin de préserver les militaires de l’étau mis en place par les combattants du Donbass, comparable au piège de Dien Bien Phu.
Le nombre important de désertions, prisonniers, disparus, tués au combat et le refus de la conscription font craindre aux alliés de Kiev que le front ne s’effondre totalement. Hollande et Merkel se sont entretenus longuement avec le président ukrainien Porochenko et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat malgré l’échec des négociations de Minsk, organisées dans ce but.
Washington songe à envoyer plus d’armes et d’équipements lourds à Kiev, selon les recommandations d’un certain nombre d’anciens hauts responsables étasuniens, qui proposent l’octroi de 3 milliards de dollars de matériels, notamment des missiles antichars et des drones de reconnaissance.
Le commandant en chef de l’OTAN, Philip Breedlove, s’est rangé à cette idée. Le chef d’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, et le secrétaire d’État, John Kerry, se sont dits « ouverts à la discussion sur ce sujet ». Ce dernier se rendra à Kiev jeudi afin de rencontrer M. Porochenko puis en fin de semaine en Allemagne à l’occasion de la Conférence de Munich (une réunion d’une soixantaine de ministres des Affaires étrangères et de la Défense), où il rencontrera le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.