Alors que le duo Hollande/Merkel était en visite à Kiev jeudi et se rend aujourd’hui à Moscou, les représentants de l’OTAN et du Pentagone multiplient les déclarations fracassantes sur la Russie et son dirigeant.
Hier, le nouveau secrétaire général de l’OTAN présentait son plan de renforcement des moyens de l’alliance à l’est de l’Europe. Son prédécesseur s’est livré sans retenue dans un tabloïd britannique.
Dans The Daily Telegraph de vendredi, Anders Fogh Rasmussen suggère que Vladimir Poutine pourrait lancer ses armées à la conquête d’un État balte :
« Il faut voir au-delà de l’Ukraine. Poutine veut redonner à la Russie sa position de grande puissance. Il y a de fortes probabilités qu’il intervienne en Baltique pour tester l’article 5 de l’OTAN [1]. »
Le fantaisiste danois ne donne aucun début de preuve d’une initiative militaire russe dans un pays de l’alliance et se contente de lancer :
« Poutine sait qu’il sera vaincu s’il franchit la ligne rouge et attaque un allié de l’OTAN. Mais c’est un spécialiste de la guerre hybride, mêlant différents types d’opérations pour déstabiliser un État. »
M. Rasmussen est un habitué des déclarations tonitruantes, surtout quand elles servent les intérêts de Washington. Ainsi en mars 2003, alors qu’il était Premier ministre du Danemark et que son pays participait à l’attaque de l’Irak, en fidèle serviteur de l’administration Bush, il affirmait :
« L’Irak possède des armes de destruction massive. Ce n’est pas quelque chose que nous pensons. Nous le savons. [...] Nous le savons par les inspecteurs de l’ONU, il n’y a donc aucun doute dans mon esprit. »
Les outrances du camp atlantiste sont sans bornes, comme on peut le constater avec cette « information » que les médias occidentaux relayent avec force jubilation sur le mode « Poutine est fou » : d’après deux rapports des experts du Pentagone, l’hôte du Kremlin souffrirait du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme...
D’après ces « analyses » datant de 2008 et 2001 mais rendues publiques hier, M. Poutine traverserait des périodes de « crise » l’obligeant « pour se stabiliser et équilibrer ses perceptions (...) à s’imposer un contrôle maximum ». Selon l’auteur des rapports, une certaine Brenda Connors, de l’Office of Net Assessment (un groupe de travail qui alimente le Pentagone en rapports), le développement neurologique de Vladimir Poutine a été perturbé durant son enfance. Il serait « hypersensible » et aurait « une forte dépendance au combat, aux réactions froides ou donnant l’impression de fuir » et serait difficilement capable d’interagir avec son environnement...
Les professionnels que le Pentagone a rémunérés avec l’argent du contribuable étasunien (365 000 dollars pour les deux rapports) tirent leurs conclusions de l’analyse de vidéos du président Poutine tournées entre 2000 et 2008, où il aurait, un peu trop à leur goût, « le regard fixe »...
Le rapport n’a jamais été transmis au secrétaire à la Défense ou à ses collaborateurs mais sa publication tombe à point nommé pour attiser les tensions entre Moscou et les capitales occidentales.