Au cœur du glacial hiver russe de l‘année 1990, le très républicain et très texan secrétaire d’état américain James Baker a fait à Moscou une bien étonnante promesse.
Présent au Kremlin, il a juré la main sur le cœur pendant une discussion avec Mikhaïl Gorbatchev, que l’Alliance militaire occidentale ne s’étendrait pas vers l’est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée intègre l’OTAN.
Plus largement, cela voulait dire que les occidentaux ne chercheraient pas à profiter de la dissolution du pacte de Varsovie, et du retrait des troupes soviétiques d’Europe centrale. Ceci fut confirmé par le ministre des affaires étrangères allemand qui s’adressait à son homologue soviétique, Edouard Chevardnadze.
Plus tard c’est Bill Clinton lui-même qui raconta dans un ouvrage qu’il avait écrit qu’en 1997, Boris Eltsine lui avait demandé de limiter une éventuelle extension de l’OTAN aux anciens membres du pacte de Varsovie mais d’en exclure les états de l’ex-Union Soviétique, comme les pays Baltes et l’Ukraine.
Alors que la nouvelle Russie était promise à l’effondrement, le sursaut russe avant le chaos s’est traduit par l’élection d’un inconnu : Vladimir Poutine. Pendant les 15 années suivantes, (de 2000 à nos jours) il s’est attaché à rétablir non seulement l’ordre et la stabilité intérieure mais aussi à préserver autant que possible la complexe relation qui existe entre Moscou et ses marches depuis l’effondrement de l’Union Soviétique.
Étrange naïveté postsoviétique, les Russes en général sont restés longtemps médusés en constatant que les élites américaine ne tenaient absolument pas leur parole, et que la promesse : « L’OTAN ne s’étendra pas à l’Est », qui résonnait encore à leurs oreilles, n’avait aucune valeur. Bien au contraire, la pression américaine n’a fait que s’accentuer.