Le showbiz, la politique, Johnny. Quelques jours avant d’arrêter définitivement sa carrière, Anémone, 67 ans, défouraille à tout-va. Interview.
Pourquoi arrêtez-vous ?
Anémone : J’avais décidé d’être artiste, pas vendeuse de films ni de pièces de théâtre.
À cause de la promotion ?
Oui, ça fait trop chier. Ce n’est pas le boulot que j’avais choisi. Le fric s’est emparé de tout, partout ! Quand j’ai commencé dans les années 1980, ça allait encore, là, c’est insupportable...
Vous aimez encore ce métier ?
Non. Il n’y a plus moyen d’exercer. Il y a toute la sauce autour, maintenant... Bon débarras !
Pourquoi maintenant ?
Ça y est, j’ai ma retraite et de quoi vivre sans bosser. Elle n’est pas bien grasse, heureusement j’ai un loyer par ailleurs qui me rapporte. Par rapport aux carrières qu’on fait, on n’a pas beaucoup de fric à la retraite.
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La réussite va de pair avec une certaine notoriété...
Je n’avais pas bien calculé, j’étais naïve... Je m’étais bêtement dit qu’en étant célèbre, je rencontrerais des génies, c’est débile. J’aime bien les artistes, mais du côté production, on se fade un paquet de crétins.
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D’où tirez-vous votre plaisir aujourd’hui ?
En ce moment, je suis assez déprimée... On s’est fait traiter de tous les noms quand on était écolos de la première heure, quand on disait qu’il fallait se bouger. Aujourd’hui, quand je dis que c’est trop tard, on ne me croit toujours pas. C’est une souffrance assez intense.
Il est vraiment trop tard ?
Oui, et ça fait longtemps. Ça va aller de pire en pire, il n’y a plus d’eau, les sols crèvent, on va sûrement avoir des épidémies, des famines, une guerre nucléaire...
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Vous aviez soutenu Mélenchon en 2012 ?
Brièvement. Je me demande si ce n’est pas un vieux stalinien pour finir, c’est un vieux politicard en tout cas. La politique, c’est un concours de crétins et de menteurs.
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Dites-nous quelque chose d’optimiste...
C’est fini, je ne le suis plus. Dans les années 1960, j’étais hippie, je croyais que les choses allaient changer, en mai 1968, j’avais 17 ans, j’y ai cru. Et puis, le couvercle est retombé avec Pompidou. Je me suis encore beaucoup marrée au café-théâtre. Quand on est jeune, on a de la sève.
Mitterrand, vous y avez cru ?
Ah, non, je n’ai pas fait partie des déçus de ce camembert pourri ! Mitterrand, de gauche, et puis quoi encore ? Des funérailles nationales à Marc Lévy ? On vient de faire Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday, Marc Lévy devrait être le prochain. Johnny, il a fait quoi ? À part se déguiser et mentir ? Voter à droite et fuir le fisc ? Il n’a fait que se marier, divorcer, se marier. C’était un pantin médiatique.