« Fallait pas l’inviter », comme dirait l’autre. La très politiquement correcte Sandrine Blanchard du très soumis quotidien déficitaire Le Monde veut faire une interview de l’actrice populaire Anémone, retirée du show-biz depuis des lustres, et la voilà avec une charge contre l’argent, la banque et l’oligarchie sur les bras... C’est à désespérer de la (vraie) gauche française. On se croirait dans un meeting de Doriot !
Le Monde titre :
Un apéro avec Anémone : « Je veux renouer avec la vie de légume que j’affectionne »
Pourtant il y avait de quoi titrer plus fort, et moins méprisant car l’Anémone, elle balance, mais pas là où on l’attend.
« Je me faisais une joie de rencontrer Anémone. L’inoubliable Thérèse du “Père Noël est une ordure”, l’émouvante Marcelle du “Grand Chemin” – qui lui valut un César de la meilleure actrice en 1988 – la touchante Mélanie du “Petit prince a dit”, la comédienne populaire au réjouissant franc-parler. »
On sent la déception de la journaliste qui tombe sur un os, une personnalité qui sort des clous pour tenir un langage qui ne rentre pas vraiment dans le catéchisme de la Pravda française... Déjà, faire la photo l’emmerde. Poser la fait « chier ». Le maquillage, rien à battre. Le show-biz, les paillettes, c’est fini et ce, depuis 20 ans. Anémone s’est retirée dans le Poitou, loin de la ville qui « pue » et qui fait du « bruit ». Tout le contraire des journalistes mainstream, dis donc !
Anémone a très tôt milité dans la mouvance écolo mais radicale, pas les écolos du Ve parisien qui vont au marché bio branché le samedi matin. Anémone, c’est les manifs, l’altermondialisme, le rêve d’une autre Terre. Malheureusement, selon elle, tout est foutu :
« C’est trop tard, toutes les études convergent. Il y a cinquante ans, on aurait pu faire autrement. Maintenant, démerdez-vous. Ça va finir avec de grands bûchers. On n’arrivera plus à enterrer les gens tellement ils mourront vite. »
Sandrine Blanchard, venue pour se marrer, ne rigole plus :
Et Anémone d’enfoncer le clou de la désespérance : « C’est une loi de la biologie : toute espèce proliférante arrivée au stade de la pullulation (ce qui est le cas de l’espèce humaine) connaît un crash démographique à la hauteur du boom qui a précédé. Je ne vois pas pourquoi on ferait exception. » Et dire que je pensais me marrer en la rencontrant…
Puis le barrage cède. L’écologie, ça passe encore pour Le Monde et toute la marmaille de la désinformation, mais la vraie gauche, l’attaque contre la Banque, l’Argent, non, merde quoi !
« Je n’avais pas choisi d’être vendeuse de films. Les professions artistiques sont devenues des produits d’appel. Le fric s’est jeté dessus. Les promos et le temps consacré au contrat et au pognon, ça me fait chier. »
Pour le clou final, on laisse la parole à Sandrine :
Pour le reste, elle en a marre de « ce monde basé sur le profit », de cette « ploutocratie mondialisée ». Elle ne vote plus car, qu’ils soient de droite ou de gauche, les politiques sont tous « des crétins et des menteurs » et en a « ras le bol de jouer », d’autant qu’à Paris, les salles sont à moitié vides.
Pareil pour les cinémas. Il semble que le divertissement ne fasse plus recette, dans ce monde corrompu par l’Argent.
On espère que la DILCRAH, le CRIF et la LICRA ne tomberont pas sur l’expression des années 30 « ploutocratie mondialisée », sinon ça risque de faire du tintouin. Regardez où en est le pauvre Filoche, qui jouait sur les bords et qui a été poussé dans le précipice... Le pire, c’est qu’il essaye de remonter, alors que les autres lui marchent sur les mains...
Ces associations pleines d’amour et de prévenance sont un peu le surveillant général, et nous les élèves de l’école primaire : on doit faire bien attention à ce qu’on dit pour ne pas se faire punir. Et même quand le surgé n’est pas là, il y a des fayots qui rapportent les propos déplacés. Finalement, on ne sort jamais de la petite classe...