Reprenons les choses dès le début. Le 25 août 2018, un ressortissant allemand (d’origine étrangère mais il était allemand) est tué dans une bagarre impliquant des migrants.
Le lendemain, une manifestation nationaliste est organisée pour dénoncer le nombre trop important de migrants en Allemagne. Le surlendemain, lundi 27 août, une seconde manifestation, organisée cette fois par des mouvements d’ultradroite, donnent lieu à des dégradations dans la ville de Chemnitz, située dans la Saxe, une région (un « Land ») d’ex-Allemagne de l’Est.
Le journal Die Welt, l’équivalent du Monde outre-Rhin, annonce qu’un restaurant juif a été la cible d’attaques. Aussitôt, tout le monde embraye :
« Le 27 août, vers 21h40, alors que la manifestation n’était pas dispersée, une dizaine de personnes vêtues de noir et le visage masqué ont attaqué le restaurant juif “Schalom” à coups de pierres, de bouteilles et de tuyau de métal. “Partez d’Allemagne, vous, Judensau”, auraient-ils crié à Uwe Dziuballa, 53 ans. “Judensau” – littéralement “truie des juifs” – est une insulte antisémite très violente, interdite en Allemagne et en Autriche.
Lors de cette attaque, le propriétaire du restaurant, qu’il a ouvert en mars 2000 avec son frère, après avoir vécu aux États-Unis, a été blessé à l’épaule par une pierre et sa façade a été en partie brisée.“Cela rappelle les pires souvenirs des années 1930” en Allemagne, a déclaré le délégué gouvernemental allemand à l’antisémitisme, Felix Klein, cité par Die Welt. “Si ces informations se vérifient, cela signifierait qu’avec cette attaque contre le restaurant juif de Chemnitz, on atteint une nouvelle dimension en matière de criminalité antisémite”, a-t-il ajouté. » (Le Parisien)
Rappelons qu’en Allemagne, suite aux événements de la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas un mouvement nationaliste qui ne soit infiltré par les services de renseignement. D’ailleurs, l’épisode Chemnitz n’y a pas échappé. La preuve, le 7 septembre, le site t-online.de a reconnu avoir relayé une fake news, en l’occurrence une manipulation de l’extrême gauche. Dans un long article, le site d’information explique comment il a été abusé.
Nous sommes le lundi 27 août, deux manifestations ont lieu en même temps après le meurtre de Chemnitz : une de droite, et une de gauche. T-online relaye complaisamment les images d’un homme, un gros barbu débraillé, qui fait des saluts nazis en veux-tu en voilà. La démonstration est faite : les manifestants nationalistes sont en fait des nostalgiques de l’affreux régime hitlérien, puisqu’un seul Sieg Heil a le pouvoir de contaminer médiatiquement toute la foule de droite présente. Les groupes de gauche en font leurs gorges chaudes, leur manif a gagné, puisque la manif de droite est plombée par un gros point Godwin.
Hélas, le « nazi » en question n’était qu’un provocateur d’extrême gauche. Toute la presse tombe dans le panneau, tellement elle désirait que ça soit ainsi. D’ailleurs, à droite, on accuse des journalistes de gauche d’avoir monté le coup.
« Venus pour certains d’assez loin, en famille ou avec des amis, la quasi-totalité de ces manifestants se définissent de la même manière. Ce sont avant tout des “patriotes”, disent-ils, des “conservateurs”, ajoutent certains, mais en aucun cas des “nazis”, comme leurs adversaires voudraient les caricaturer. Et quand on leur demande ce qu’ils pensent des saluts hitlériens vus dans une précédente manifestation à laquelle ont participé l’AfD et d’autres groupes d’extrême droite, lundi, à Chemnitz, tous répondent la même chose : ces “quelques perturbateurs ne représentent qu’eux-mêmes”, et, comme vont même jusqu’à l’assurer certains, “tout le monde sait qu’ils ont été envoyés à dessein par l’extrême gauche pour jeter le discrédit sur nous tous et que ça fasse de belles images de nazis dans les médias”. » (Le Monde du 3 septembre 2018)
Cependant, conséquence de la conséquence, le site qui a confessé son erreur doute désormais de la qualité de « provocateur » du militant en question. Une enquête n’a pas permis de l’identifier en tant que militant d’extrême gauche ou d’extrême droite. Bref, ça sent la basse police. N’oublions pas qu’il suffit en Allemagne d’un seul geste pour disqualifier une manifestation et un mot d’ordre politique. Objectif atteint par le renseignement puisqu’on ne parle plus du trop grand nombre de migrants en Allemagne, mais du salut nazi d’un provocateur, et d’un restaurant juif attaqué. C’est carrément la Nuit de Cristal.
Que retenir de tout ça ? Chemnitz n’est pas Macerata, mais peut le devenir. On rappelle que le meurtre atroce d’une jeune Italienne dans cette petite ville avait été l’élément déclencheur de la victoire de Salvini et de son mouvement lors des élections législatives du 4 mars 2018 en Italie. Le renseignement allemand ne l’ignore pas, et tout ce qui peut ressembler à une étincelle pouvant mettre le feu aux poudres nationalistes doit être contrôlé, réduit, anéanti.
Heureusement, tout le monde n’est pas dupe des provocations antinationalistes en Allemagne. Le président tchèque Miloš Zeman a ainsi déclaré avec ironie (activer les sous-titres pour la traduction en français) :
La France, elle, peut compter sur l’agent américano-sioniste Daniel Cohn-Bendit, qui vient de refuser un poste de ministre – à cause d’une sombre et vielle histoire de petite fille provocatrice – et qui est complaisamment interrogé par les propagandistes matinaux de notre radio d’État, les socialo-sionistes Nicolas Demorand et Léa Salamé-Glucksmann. Là, on touche le fond :
Notez bien, à 14’45, la puissante inversion accusatoire de l’agent antifrançais depuis 50 ans : ses « deux belles-filles d’origines maghrébine et érythréenne ne vont pas seules dans l’est de l’Allemagne ».
Ah, on croyait que c’étaient les jeunes migrants subsahariens célibataires qui représentaient un danger pour les femmes autochtones, surtout depuis les viols massifs de la Saint-Sylvestre à Cologne... Menteur un jour, menteur toujours !
Que cet escroc politique existe est une chose, mais que le service public audiovisuel lui accorde 23 minutes sans démolir ses arguments fallacieux en est une autre. L’inacceptable est pourtant là, sous nos yeux.