Le mouvement anti-islam continue de drainer des foules en Allemagne. Et trouve du soutien en Suisse et en France.
Les « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida) continuent de rassembler en Allemagne. Hier soir, 18 000 personnes ont participé à la marche du lundi à Dresde, défilé que le mouvement anti-islam organise depuis le 20 octobre. Lors du premier rassemblement, ils n’étaient que 200 à défiler contre « l’immigration musulmane » dans la capitale de la Saxe… Et hier soir, des défilés, certes de moindre ampleur, ont eu lieu dans d’autres villes allemandes, se heurtant à des contre-manifestations dénonçant la xénophobie.
Militants d’extrême droite, néonazis mais aussi de simples citoyens participent à ce mouvement anti-islam, réclamant un durcissement de la politique d’immigration et du droit d’asile.
Selon un sondage Forsa publié en fin de semaine dernière dans le magazine Stern, treize pour cent des Allemands – soit un sur huit – seraient prêts à participer à une marche contre les musulmans en cas d’organisation de ce genre de manifestation dans leur ville. Plus globalement, près de 30% des personnes interrogées soutiennent Pegida, trouvant que l’islam occupe une place trop importante dans la société allemande. En revanche, deux tiers des sondés estiment que l’idée d’une « islamisation » de l’Allemagne est exagérée, même s’ils sont nombreux à s’inquiéter de l’arrivée massive de réfugiés. Cette année, près de 200 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne – destination privilégiée des migrants – soit quatre fois plus qu’en 2012.
Pegida semble faire des émules ailleurs en Europe. En Suisse, plusieurs pages se revendiquant de la mouvance allemande ont fleuri sur les réseaux sociaux depuis la mi-décembre, selon la Schweiz am Sonntag. Elles réunissent déjà plus de 1 500 fidèles qui n’hésitent pas à faire l’apologie d’actes islamophobes, précise l’hebdomadaire. En France, une page Facebook « Pegida Breizh » rassemblant plusieurs centaines de sympathisants et appelant à combattre l’islamisme en Bretagne a fait son apparition depuis quelques jours sur la Toile. Tandis qu’à Paris, des groupes d’extrême droite exigeant l’expulsion de tous les islamistes de France appellent à manifester le 18 janvier.
Même scénario au Danemark où deux manifestations de soutien aux marches contre l’islamisation qui se déroulent en Allemagne sont prévues le 19 janvier. Et la liste est loin d’être exhaustive, dans plusieurs pays d’Europe comme la Grande-Bretagne ou la Suède, l’immigration est au cœur du débat public avec la montée d’une vague populiste et de manifestations hostiles aux étrangers.
Face à cette vague d’islamophobie, la résistance s’organise. De nombreuses contre-manifestations ont eu lieu en Allemagne hier, avec un nombre de participants souvent plus important que ceux qui défilaient sous la bannière de Pegida. À Berlin par exemple, 5 000 personnes dénonçant l’intolérance faisaient face à 200 « patriotes » anti-islam. Hier soir, comme l’avaient déjà fait les responsables de l’Opéra Semper, à Dresde, les lumières de la cathédrale de Cologne sont restées éteintes, en signe de désapprobation.