À Chemnitz, des manifestations parallèles révèlent les deux visages de l’Allemagne. Deux rassemblements d’extrême droite et de gauche étaient organisés samedi, après les violences qui a suivi le meurtre d’un homme par des étrangers.
Hussein et Margot ont beaucoup de choses en commun. Ils ont la quarantaine, habitent à Chemnitz (Saxe), et, samedi 1er septembre, ils ont eu la même idée : aller déposer une fleur à l’endroit même où, six jours plus tôt, Daniel Hillig, un Allemand de 35 ans, s’est fait poignarder en pleine rue, en marge des festivités organisées à l’occasion du 875e anniversaire de cette ville de 240 000 habitants voisine de la frontière tchèque.
Si Hussein et Margot ont tenu à accomplir ce geste simple, c’est aussi parce qu’ils ont chacun deux enfants et qu’ils ont « de plus en plus peur pour eux ». Encore un point commun ? Oui et non, car cette « peur » qu’ils ont en partage les oppose au lieu de les rapprocher. Syrien arrivé en Allemagne il y a une quinzaine d’années, Hussein en fait le constat :
« Ici, ça devient parfois compliqué de se sentir tranquille quand on est musulman. On entend des réflexions et on sent des regards qu’il n’y avait pas avant. »
Née dans le Land voisin du Brandebourg mais installée en Saxe depuis son adolescence, Margot, elle, voit les choses autrement.
« Avant, il n’y avait pas de criminalité ici. Mais depuis que tous ces Syriens, ces Irakiens et ces Afghans sont arrivés, ça a complètement changé. Nos gamins se font emmerder dans la rue, moi-même j’hésite à sortir la nuit. Regardez ce qui est arrivé à ce pauvre homme le week-end dernier, je n’invente rien : c’est bien un Irakien et un Syrien qui ont été arrêtés ! », explique-t-elle en désignant la photo de Daniel Hillig, posée sur le trottoir au milieu d’un tapis de fleurs.
Neuf personnes ont été blessées en marge de nouvelles manifestations antagonistes de plus de 8 000 personnes samedi à Chemnitz en Allemagne, organisées d’un côté par la droite ultra anti-immigrés et en face par des mouvements de gauche.
Cette ville saxonne de l’ex-RDA est depuis une semaine l’épicentre de la mobilisation de l’extrême droite allemande contre les étrangers, à la suite d’un meurtre dont est suspecté un demandeur d’asile.
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Environ 4 500 personnes ont défilé à l’appel de divers mouvements d’extrême droite, principalement l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et le rassemblement anti-islam et anti-Merkel Pegida.
Certains scandaient « nous sommes le peuple », reprenant le slogan des manifestants lors de la chute du régime communiste de RDA à l’automne 1989, ou encore « Merkel dégage ! » en portant des drapeaux allemands. D’autres défilaient avec de grands portraits de victimes d’attaques perpétrées, selon eux, par des demandeurs d’asile.
En parallèle, à l’appel de plusieurs associations et partis politiques de gauche, environ 3 500 personnes, selon la police, ont défilé en répondant au mot d’ordre : « le cœur plutôt que la haine ».
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Le gouvernement, par la voix du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas, a apporté son soutien à cette dernière manifestation, qui sera suivie lundi par un concert rock contre la xénophobie sous le slogan « Nous sommes plus nombreux ».
« L’Allemagne a causé des souffrances inimaginables à l’Europe. Si à nouveau des gens défilent aujourd’hui dans les rues en effectuant le salut nazi, notre histoire passée nous oblige à défendre résolument la démocratie », a-t-il écrit sur Twitter.
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[IMPORTANT] Cette vidéo est un petit trésor. Des citoyens allemands en colère face à une journaliste de gauche à propos des "émeutes xénophobes". Voici les gens dont parle la télévision quand elle dit "extrême droite". À partager autant que possible. pic.twitter.com/UTID89B1nm
— Lapin Taquin (@LeLapinTaquin) 1 septembre 2018