Si la question migratoire exacerbe les tensions à l’échelle européenne, elle fragilise aussi la coalition au pouvoir en Allemagne. Sur ce sujet, le ministre allemand de l’Intérieur a lancé un ultimatum à Angela Merkel, qui n’a pas tardé à le rejeter.
Le quotidien allemand Die Welt a rapporté le 17 juin une sortie fracassante de Horst Seehofer, le ministre allemand de l’Intérieur. Alors qu’il expliquait avoir des difficultés à s’accorder avec la chancelière allemande Angela Merkel sur la question migratoire, il a résumé cette communication difficile en ces termes : « Je ne peux plus travailler avec cette femme. »
Le ministre allemand a confirmé ce 18 juin que, faute d’un accord européen à la fin juin, il souhaitait fermer les frontières allemandes aux migrants dès le mois de juillet. Horst Seehofer s’est ainsi exprimé : « Si le rejet immédiat des migrants à la frontière n’est pas possible, j’ordonnerai immédiatement à la police de refouler tout individu qu’il ait une interdiction d’entrée ou une interdiction de rester » et le ministre allemand de poursuivre : « Nous souhaitons bonne chance à la chancelière. »
Angela Merkel a immédiatement rejeté cet ultimatum déclarant qu’il n’y aurait aucune fermeture automatique, même en cas d’échec au niveau européen.
Deux semaines pour négocier avec ses partenaires européens
Membre d’un gouvernement issu de la coalition entre les sociaux-démocrates du SPD et la droite allemande, Horst Seehofer est lui-même issu de la CSU (Union chrétienne-sociale en Bavière) qui souhaite limiter l’immigration à la frontière allemande.
De fait, le ministre est favorable au droit de renvoyer d’Allemagne des migrants déjà enregistrés dans un autre État membre de l’Union européenne, un choix qui va à l’encontre de la politique d’ouverture prônée par Angela Merkel depuis 2015.
Le journal Bild affirmait que la CSU s’apprêtait à lancer un ultimatum à Angela Merkel sur la question migratoire, c’est désormais chose faite. Les alliés de droite de la chancelière allemande lui ont ainsi donné ce 18 juin deux semaines pour négocier une solution européenne au défi migratoire, faute de quoi le ministre de l’Intérieur décrètera une fermeture des frontières, selon l’agence Deutsche Presse-Agentur (DPA).
Cette décision a été prise lors d’une réunion des dirigeants du parti conservateur bavarois CSU à Munich. Selon DPA, Angela Merkel a accepté ce délai qui correspond à la tenue d’un sommet européen les 28 et 29 juin. Affichant une volonté de débloquer la question à l’échelle européenne, Angela Merkel rencontre ce même jour le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte. Elle recevra également le 19 juin le président français Emmanuel Macron.