Premier et dernier message sur E&R : Officier dans une des institutions décriées plus haut : j’essaie de donner quelques grilles de lectures à mes subordonnés. Beaucoup sont des "enfants gâtés", déconnectés de la société de laquelle ils doivent prendre le pouls. L’extraction populaire de nombre d’entre nous laisse parfois la place à une forme d’empathie vis a vis de nos concitoyens, mais bien souvent, c’est une "prise de recul" teintée d’ironie malvenue. Il faut sans doute cela pour supporter ce que nous sommes amenés à constater, voir, côtoyer, déplorer. La plupart des personnels de la base sont de bons techniciens, qui exercent leur technicité dans le but de bien faire leur travail. L’amour du travail bien fait a cependant laissé la place ces dernières années au regard sur la montre avant, pendant, et juste avant la fin du service. Déshumanisation, manque de recul sur les mouvements sociaux, absence de véritable culture politique...règnent en maître. Les officiers, les supérieurs, les cadres sont mûs par leur volonté de faire carrière, peu importe les conditions extérieures dans lesquelles elle doit s’effectuer. Les corps constitués sont également désabusés également par les réponses de certains ministères, qui ne vont pas dans le sens de la concorde nationale. Les patrons les plus capables sont également mis en minorité (AS avait fait une analyse intéressante il y a quelques années sur ce phénomène) au profit d’un réseau et du pouvoir de la gamelle. Quelques très belles âmes cependant, rares, un peu esseulées. "Chez moi", on aura eu cependant le mérite de ne pas agresser les Gj par des mesures de rétorsions physiques ou judiciaires. Ce que j’ai pu constater à mon niveau :les forces de l’ordre, c’est 20% qui font tourner la boutique (gros bosseurs), 60 % dans le train-train, sans ressorts particuliers, 20% de gros ramiers. Ne pas croire que nous sommes tous des brutes écervelées. Être au service des concitoyens est encore une préoccupation centrale pour beaucoup d’entre nous. Et nous sommes à l’image de la société : verrous, peur du lendemain, népotisme, culture de l’entre soi... Mais parfois, sens du dépassement, du sacrifice, volonté de bien faire son boulot. Tomber les casques, c’est soit être dans la désobéissance, soit être dans l’inconscience. Cela nous est rappelé très régulièrement, avec l’épée de Damocles de la sanction ou du licenciement inhérents à des positions pro non conformes. Pour terminer : je ne ferai pas tirer sur la foule.
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