C’est sûr qu’on est loin du rap français, pardon, du rap immigro-ricain, puisque ce sont les Noirs et les Arabes de nos banlieues (comme il y a les Bretons et les Corses, mais de racines plus profondes) qui ont été contaminés par ce mouvement sous-culturel, destiné à détruire la haute culture et accessoirement à remplacer un rock fatigué, donc plus assez vendeur. Le capitalisme, le marché, Marx, Cousin, tout ça. Mais d’abord, regardons comment drague Alain. Chamfort bien sûr.
C’est pas gagné, mais la mère est pas mal non plus, voire carrément canon. Certains hommes aiment les femmes jeunes, d’autres les femmes mûres, et c’est très bien, ça en fait pour tous les goûts. Les jeunes, les vieilles, la compétition est acharnée entre les femmes pour garder leur avantage concurrentiel dans le grand marché de l’Amour, du Sexe et du Plaisir.
On parlait de rock, eh bien c’est pareil : les Stones, qui viennent de passer à l’hippodrome de Longchamp, ont commencé en 1963 leur carrière. Et ils sont toujours là. 1963-2022, allez, on arrondit à 2023, ça fait, on sort la vieille calculette Texas Instruments, on claviote, 2-0-2-3, attendez, 1-9-6-3, moins, égale, punaise, 60 ans ! Les mecs tournent depuis 60 ans, alors que les Beatles, qui eux ont commencé en 62, ont tout arrêté en 70. C’est remarquable.
On ne va pas ici refaire la bio des Stones, juste citer un excellent papier d’un journaliste (il en reste encore quelques bons dans le mainstream) sur le sujet, qui est rock et vieillissement, nous on dira embourgeoisement.
Un article, c’est comme une chanson
Bon, déjà, jalousie, le titre est parfait. L’intro aussi, avec un bon riff littéraire :
À propos de leur âge canonique (231 ans à eux trois), à propos du potentiel de Ron « Zombie » Wood pour apparaître dans un nouvel épisode de Walking Dead, à propos de la forme physique de Keith, plus proche du bloc de granit que du guitariste qu’on a connu ; bref, à propos des Stones, tout le monde possède un avis. Même Pierre Mikaïloff, présent le 23 juillet dernier à l’Hippodrome de Longchamp. Le voici, avec quand même un peu de satisfaction.
Suit un long « best of » (ou « meilleur moins pire ») du concert, un enregistrement pirate au téléphone, donc ne pas confondre ce son et le son réel du live.
Le solo d’intro de Keith – qui a sniffé en 60 ans l’équivalent d’une décennie de la production bolivienne non saisie – sur Street Fighting Men, manque un peu de patate, mais on conseille aux riches personnes qui peuvent se permettre de les voir sur scène de fermer les yeux, en se disant que certains enregistrements pirates des Stones sont techniquement pourris mais artistiquement excellents. Enfin, c’était avant 1972 (ou disons 78, date du virage discommercial).
On dit qu’un groupe de rock ne dépasse pas 10 ans de vie créative, c’est effectivement le fait des Stones, mais après avoir pondu de sacrés standards, ils sont passés à la vie commerciale. On résume : 10 ans de créa de dingue, 50 ans de business.
Du coup (!), on se réjouit d’être pauvres, car on n’a pas les moyens de tuer le mythe en voyant, comme l’écrivait Soral sur un site aujourd’hui disparu, « Mick et Keith sur scène en couches-culottes serties de diamants ». Les petits malins auront compris que certains musiciens sont doublés (le backing band), à l’image de Johnny qui avait son « assurance » voix derrière lui, Érick Bamy.
Retour au début des années 90 : avec un vice consommé, Mikaïloff envoie le concert des Stones au même endroit, mais 27 ans plus tôt. Curieusement, Keith est beaucoup plus en forme. La machine à remonter le temps, ça marche.
Alors, le rock, interdit aux vieux ? Le rock comme le rap demandent de l’énergie, dans la voix, dans le son, et dans les tournées (sans oublier les filles, hein Lemmy). Dans ces deux branches de la musique, on se démode très vite. Pour le marché du rap, il y a toujours plus trash, plus bitch, plus fuck, plus provo, du coup (!) les rappeurs qui ont dépassé 40, voire 50 ans, font figure de grands-pères. Et évoluent vers la variété, soit l’embourgeoisement (la loi qui veut qu’on s’adapte à l’âge de son public).
Le dernier Akhenaton (53 ans), garanti sans gros mots
Comme Elvis, les Stones et Johnny, finalement. En politique, c’est pareil : il est rare de rester radical après 50 ans (sauf chez Staline et Hitler). D’ailleurs, on pourrait trouver des transversales entre rock et politique : par exemple, Bayrou pourrait être Souchon, Kennedy Cobain, ou Hendrix, ces étoiles filantes qui ont laissé une trace dans le ciel...
On ne va pas non plus lier Heydrich, mort jeune (à 38 ans), avec une star du « club des 27 » (Joplin, Morrison), par exemple Brian Jones, dit « l’archange blond », ça serait mal interprété.
Puisqu’on est en 1993...
Kurt mourra un an plus tard, après avoir donné tout son courage et toute son énergie aux autres. C’est le sort des grands dépressifs.