En blouson kaki dans le box des accusés, elle lance un sourire. Un sourire doux, comme pour apaiser ses parents. Le 15 janvier, Ahed Tamimi, 16 ans, comparaissait devant un tribunal militaire israélien. Lequel a décidé que la jeune Palestinienne resterait incarcérée jusqu’à son procès.
Poursuivie pour douze chefs d’inculpation, dont « agression sur un soldat », « participation à une émeute » et « incitation à commettre des attaques terroristes », elle encourt jusqu’à sept ans de prison.
Il y a de la résignation dans ce sourire car si Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé à sa libération immédiate, l’adolescente sait que ses chances d’être relaxée sont quasi nulles.
Mais il y a aussi cette étincelle de défi, qui crépite sur d’autres photos et vidéos, où on la voit braver les soldats casqués d’Israël qui tiennent barrages et check-points en Cisjordanie. La dernière de ces vidéos, datée du 15 décembre 2017, est devenue virale.
Depuis, l’occupant enrage. Naftali Bennett, le ministre (d’extrême droite) israélien de l’Éducation, lui a souhaité de « finir ses jours en prison ». Un éditorialiste a appelé au meurtre. Car la rebelle a piqué au vif l’État hébreu, en écornant son image.
En giflant un soldat, elle a humilié la puissance israélienne sous les yeux du World Wide Web. La cause palestinienne, qui a fait du leader emprisonné Marwan Barghouti son Nelson Mandela, tient désormais sa Rosa Parks.
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Pour les médias israéliens de droite, cette scène n’est que la dernière production d’une « comédienne professionnelle de la propagande palestinienne ».
Une famille résistante
Et de rappeler que la première Palestinienne à avoir été complice d’un attentat-suicide, en 2001, Ahlam Tamimi, était une cousine éloignée de l’insolente.
Le clan a depuis rejeté le recours à la violence, mais est resté, depuis son village de Nabi Saleh, à environ 40 km de Jérusalem, en première ligne de la résistance pacifique à l’occupation de la Cisjordanie.
Une heure avant la gifle, Ahed apprenait que son cousin de 15 ans venait d’avoir le crâne fracassé par une balle en caoutchouc...