« L’industrie du vin laisse croire aujourd’hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. »
Qu’est-il arrivé à Agnès Buzyn ? Comment s’est-elle transformée en intégriste de l’hygiénisme au point de vanter comme seul remède à l’alcoolisme la totale abstinence. Quel prédicateur a transformé celle qui, il n’y a pas si longtemps, plaidait pour une consommation intelligente médicalo-compatible, en doublure d’un Claude Got intégriste (pléonasme) ? Pourquoi cette femme brillante et dénuée de l’ego surdimensionné du célèbre professeur « maître à penser » (comme il se définissait lui-même) a rallié le clan de ceux qui veulent « le bonheur des autres » sans leur consentement ?
Cette attaque du ministre de la Santé proférée sur France 2, mais déjà amorcée bien avant a, certes, été plus que « modérée » par Édouard Philippe à l’Assemblée nationale. Certains ont même évoqué un recadrage sévère du ministre par le chef du gouvernement rappelant :
« L’importance de ce qu’est le vin, la culture de la vigne, l’attachement des Français à ce produit. Dont nous pouvons dire sans conteste qu’il occupe une place particulière dans l’imaginaire et la culture française. »
Rubicon
Mais au-delà de l’incident lui-même, cette montée observée depuis trois décennies d’un hygiénisme militant pose un certain nombre de questions. Oublions un moment le rôle économique du vin et son poids ainsi que celui du cognac dans nos exportations comme le démontrent les derniers chiffres publiés la semaine passée. Il s’agit davantage de penser la société dans laquelle nous avons envie d’évoluer et du rôle de chacun.
Il est du devoir des médecins d’alerter et d’informer sur les risques que nos écarts peuvent coûter à notre santé. Mais il y a un Rubicon à ne pas franchir, celui que Jules Romain a si bien mis en lumière avec le personnage de Knock qui peu à peu emprisonne la population d’un village dans un rétiaire indémaillable au nom de « l’âge médical peut commencer… » C’est le passage du conseil, de l’avis à l’obligation. C’est ce que Claude Got – encore lui –, passé de l’amphithéâtre aux couloirs des ministères, résumait par ces mots : « Faire évoluer la société dans le sens correspondant à mes idées. »
Dès les années 90, Philippe Muray, traçant au vitriol un portrait de l’intéressé – « Marionnette terrorisante du Bien-Être » –, alertait sur les dangers d’un hygiénisme conquérant, ogre des libertés. Par ces récentes déclarations, Agnès Buzyn quitte son habit de ministre pour revêtir celui d’une militante d’une religion collective pour ne pas dire collectiviste où la liberté de chacun doit disparaître au profit d’un « intérêt commun » qui, à l’horizon, ressemble à la vie dans une douce caserne où les seuls plaisirs tolérés devraient être mesurés par une sorte de mètre étalon médical.
« Vous parlez de plaisir à partager un bon vin avec un ami et l’on vous répond misère, alcoolisme et 49 000 morts »
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Le danger de ce « médicocentrisme », c’est qu’il balaie tous les autres arguments. Vous parlez de plaisir à partager un bon vin avec un ami et l’on vous répond misère, alcoolisme et 49 000 morts. La statistique, même douteuse, car ce chiffre avancé par une épidémiologiste relève d’une estimation basée sur la consommation et non sur des bilans cliniques, vient en conclusion finale à toute discussion. L’émotion des plateaux de télévision et la statistique au service du bien-être collectif contre toute velléité de défendre la liberté individuelle.
« Une idéologie nous menace, que j’appelle le pan-médicalisme ; une civilisation tout entière centrée sur la médecine, qui ferait de la santé le souverain bien – et donc de la thérapie la seule sagesse ou religion qui vaille », écrit le philosophe André Comte-Sponville.
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