La pollution aux métaux lourds et en hydrocarbures empoisonne les sols chinois sur l’équivalent d’un million et demi de kilomètres carrés. Une situation dramatique d’un point de vue environnemental et sanitaire dont Pékin a dû se saisir, et dans laquelle la France pourrait jouer un rôle important.
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Ce sont les autorités chinoises, pourtant d’ordinaire peu enclines à communiquer sur les points faibles du pays, qui ont elles-mêmes révélé l’information. Selon une extrapolation basée sur une vaste étude menée sur environ deux tiers du territoire, soit un million de kilomètres carrés (deux fois la France métropolitaine !), 16% des terres de l’empire du Milieu sont polluées. Un chiffre qui grimpe à 20% pour les terres agricoles selon cette enquête que les autorités ont tenté de cacher en la classant « secret d’État » – et qui reste encore partiellement classifiée. À noter enfin que cette étude menée de 2005 à 2013 se fonde sur les normes chinoises pour déterminer si une parcelle est polluée ou non... Des normes qui ne sont d’ailleurs pas précisées dans l’étude.
Le constat est sans appel : cadmium, plomb, mercure, arsenic ne sont que quelques-uns des polluants recensés en grande quantité dans les sols chinois. La faute à une agriculture intensive mais aussi au boom économique, qui a entraîné une explosion de l’industrie, notamment chimique. Mais aussi à des règles particulièrement lâches. Les normes chinoises – révisées depuis – ont ainsi longtemps porté uniquement sur la concentration en polluants, il suffisait donc de diluer de l’eau contaminée par de l’arsenic avec une eau propre pour passer sous les radars, rappelle un rapport de l’OCDE de 2005.
À l’arrivée, un désastre écologique et sanitaire. Selon des relevés rendus publics en 2011 par des universitaires de Nankin (côte est, proche de Shanghai) près de 10% du riz commercialisé en Chine serait contaminé au cadmium, un élément chimique classé cancérogène par l’OMS et dont les effets sont redoutables notamment sur les reins, le squelette et l’appareil respiratoire. Dans certaines provinces, c’est même 60% du riz qui serait impropre à la consommation, et pourtant mangé. Résultat, la banque mondiale a estimé en 2007 que la pollution de l’air et de l’eau a entraîné à elle seule un coût sanitaire estimé à 4,3% du PIB de la Chine, soit plus de 120 milliards d’euros. C’est presque l’intégralité du budget de la branche maladie de la Sécu française la même année.
Un constat sans appel face auquel les autorités ont décidé de réagir, d’autant que la situation s’est encore aggravée depuis que ces différentes études sont parues. Le gouvernement central a ainsi annoncé en mai 2016 un plan de lutte contre la pollution des sols avec le lancement d’un fonds spécial et des moyens pour faire progresser techniquement son industrie des métaux lourds. L’objectif est de réduire l’aggravation de la pollution des terres d’ici à 2020, puis de stabiliser et enfin améliorer leur qualité à l’horizon 2030.
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- Emmanuel Macron et François Bouché lors du déplacement officiel en Chine, début janvier
La concurrence est féroce dans ce secteur historiquement dominé par les Hollandais, car c’est un pays où l’espace est de longue date un sujet crucial et où la moindre parcelle doit être valorisée. Les Allemands, les Anglais et les Américains sont aussi en pointe, même si ces derniers opèrent principalement chez eux où les besoins sont énormes. Les Français également comptent parmi les poids lourds avec les géants Veolia et Suez (via leurs filiales dédiées). Un paysage dans lequel Valgo réussit toutefois à se faire une place.
C’est sans doute pour cela que François Bouché a été emmené dans ses valises par Emmanuel Macron lors de son récent déplacement en Chine. Dans la délégation, 50 chefs d’entreprises comme Areva, Airbus, Safran et... Valgo, donc. Le seul spécialiste de la dépollution des sols présent lors de ce voyage.