Didier Roustan était aussi vieux que le foot à la télé. Pourtant, il n’était pas vieux : il a cassé sa pipe à 66 ans, brutalement, d’un cancer du foie, l’organe de la colère.
Alors qu’il a été le premier de la nouvelle génération à entrer à TF1, il y a 45 ans, pour y régénérer le commentaire sportif, il a été progressivement marginalisé, au fur et à mesure que le foot business progressait, et prenait toute la place.
Les romantiques du foot ? Les amateurs de beau jeu ? Sur le banc de touche des journalistes ! Place aux adeptes du realfoot qui vendent jusqu’à la nausée les matchs de Ligue des champions où les petits sont éliminés d’office ! Le fric a gagné, le foot a perdu. Même un joueur comme Mbappé, qui court après ses 150 millions de primes du PSG, ils l’ont déglingué : il n’arrive même plus à cadrer, et les Espagnols s’amusent à compiler ses cagades sur les réseaux sociaux.
Il fallait vendre le foot aux Français, et Canal+ y a contribué, en en faisant un produit d’appel fantastique, et cher. Aujourd’hui, pour suivre le championnat des grands pays, le Big Five (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France), il faut être au minimum millionnaire, ou alors trafiquer les boîtiers. Nous n’en dirons pas plus, il paraît que dans une certaine communauté, très gourmande de foot, on peut voir tout ce qu’on veut, le foot et les films, dans toutes les langues.
« On a besoin de ces joueurs-là »
Roustan aimait les créateurs, ces artistes qui ont peu à peu disparu des schémas de jeu, comme lui a disparu des plateaux télé, pour finir sur L’Equipe TV, en vieux grognard du foot d’antan qui raconte des histoires de Rivelino, Garrincha, Dahleb et Maradona. Des mecs qui ne connaissaient même pas TikTok et Insta ! Mbappé a 120 millions d’abonnés sur Insta et 14 sur X... Mais il ne cadre pas. Et Roustan ne l’avait pas loupé.
Pascal Praud, qui vient lui aussi du journalisme sportif, rend hommage à son vieux pote.