Plus de 400 femmes ont signé un manifeste intitulé les « 343 fraudeuses », dans lequel elles revendiquent leur recours à la procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger « pour fonder une famille ». Une pratique qui leur est interdite en France.
Elles ont fraudé, et l’assument ! Le journal Libération publie ce vendredi 6 juin un manifeste signé de la main de plus de 400 femmes. Son nom : les « 343 fraudeuses », en référence aux « 343 salopes » qui affirmaient, en 1971, avoir avorté.
Cette fois, le principe est le même, mais le sujet diffère. Ces femmes déclarent avoir eu recours à la procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger « afin de fonder une famille ». Elles réclament l’ouverture à la PMA à toutes les femmes, aujourd’hui réservée aux couples infertiles en France, l’application « partout » de la loi sur l’adoption et « l’égalité entre couples homosexuels et hétérosexuels pour l’établissement de la filiation de leurs enfants ».
Au début, 2 femmes
L’idée émane d’un couple de femmes homosexuelles, Marie, 32 ans et Ewenne, 28 ans. Dans un texte d’à peine 15 lignes, elles appelaient toutes les femmes, homosexuelles, hétérosexuelles, en couple ou seule, qui ont eu recours à la PMA à l’étranger, à signer une pétition. L’objectif : assumer pleinement, en donnant leur identité, leur recours à une insémination avec donneur à l’étranger. Une pratique pourtant illégale en France, sauf pour les couples hétérosexuels infertiles.
En moins d’une semaine la pétition avait déjà recueilli plus de 400 signatures. Les revendications et les arguments des deux jeunes femmes mobilisent.
« Ce manifeste est né de notre colère, témoignent-elles dans Libération. La colère de devoir faire des milliers de kilomètres pour nous rendre en Belgique où nous avons déjà fait deux inséminations avec donneur, pour l’instant sans succès. Mais la colère aussi, après ce parcours de combattantes, de devoir mener un autre combat contre la justice de notre pays. »
Mettre la pression
Un coup de gueule affirmé qui a aussi pour but de mettre en lumière une pratique qui concernent « des milliers de femmes », qui le font parfois « dans des conditions dangereuses pour leur santé en raison de l’exclusion à laquelle elles sont condamnés » en France. Juridiquement, ces femmes ne risquent aucune sanction car il existe un vide juridique sur le sujet. En effet, la PMA n’est pas autorisée en France, mais elle n’est pas formellement interdite non plus, contrairement à la gestation pour autrui (GPA).
L’objectif est clair : mettre la pression sur le gouvernement, qui n’a donné aucune instruction d’application de la loi aux tribunaux. A Versailles, récemment, deux femmes mariées se sont pourtant vu refuser l’adoption de l’enfant d’une d’entre elles, né à l’aide d’une PMA.
Manuel Valls, qui a déclaré que la PMA ne serait pas discutée avant 2017, pourrait être poussé à rouvrir le débat. En plus des 400 femmes, plus d’un millier de personnes l’ont signé en soutien, parmi lesquels les députés écologistes Noël Mamère et Serge Coronado.