Une légende du Rock’n’roll est morte, et probablement la dernière. Et quand on dit légende, on plaisante pas. Le gars a joué avec Elvis Presley, Johnny Cash et Carl Perkins, les fameux Million Dollar Quartet. D’ailleurs en cette fin des années 50, le monde sortait du blues pour rentrer dans le rock’n’roll, cette musique du diable qui entraînait à la débauche et la violence, et les grands noms du genre faisaient leur apparition : Elvis Presley, Gene Vincent, Johnny Cash, Little Richard, Carl Perkins, Chuck Berry, Eddie Cochran et... Jerry Lee Lewis, le plus sauvage d’entre tous.
Jerry a brûlé la chandelle par les deux bouts – ce qui ne l’a pas empêché de vivre 87 ans au demeurant. Buveur impénitent et consommateur de drogues, marqué par de nombreux drames familiaux (perdant deux enfants dans des conditions tragiques en 1962 et 1973), connaissant une vie sentimentale instable (il se mariera sept fois) et ferraillant avec les démêlés judiciaires, sa vie fut celle d’un bad boy provocateur mais qui fit de lui une icône en phase avec cette musique rythmée et énergique.
« Il ne joue pas du rock’n roll, il est le rock’n roll »
Bruce Springsteen (1995)
Son succès fulgurant en 1956 s’arrêta brutalement en décembre 1957 lorsqu’on découvrit qu’il venait de se marier avec sa cousine (premier hic) de... 13 ans ! Pire, il n’avait pas divorcé encore de sa (déjà, à 22 ans) seconde femme. Cette frasque fit scandale dans une Amérique plutôt conservatrice. Il lui fallut de nombreuses années (une demi-douzaine) pour retrouver le succès, en revenant d’abord à la Country, probablement son vrai amour, puis renouant avec le style qui l’avait fait connaître.
Cependant les drames, ou les scandales, s’enchaînèrent encore au fil des décennies : divorces, arrestations pour conduite en état d’ivresse, passionné par les armes à feu, violences conjugales, morts mystérieuses (deux de ses femmes disparaîtront dans des circonstances non élucidées), accidents (son fils cadet se noie en 1962 dans une piscine, l’aîné se tue onze ans plus tard dans un accident automobile), maladie (en 1981, il frôle la mort à la suite d’une perforation d’estomac provoquée par l’alcoolisme), faillites financières (en 1994, pour éponger ses arriérés d’impôts, il ouvre sa maison aux visiteurs), etc.
Tout cela ne l’empêcha pas de faire partie des premiers musiciens intronisés au « Rock and Roll Hall of Fame » (musée et panthéon du rock, à Cleveland, Ohio), dès sa création en 1986. C’est dire si, ici aussi, on sépara l’œuvre et l’artiste, comme on dit aujourd’hui.
Et maintenant, musique ! Son titre le plus célèbre est probablement Great balls of fire, que nous pouvons retrouver ici en 1958, 1969 (probablement au meilleur de sa forme et de sa performance), 1989 puis 2009 (déjà bien fatigué).
D’autres morceaux sont à retenir :
Whole Lotta Shakin’ Goin’ On (1957)
Great Balls of Fire (1957)
Breathless (1958)
High School Confidential (1958)
What’d I Say (1961)
Chantilly Lace (1972)
Last Man Standing (2006)
Live at the Star Club, Hamburg (1964), considéré par de nombreux critiques comme le meilleur album enregistré en concert de l’histoire du rock’n roll