Aux Herbiers, la dépendance des habitants à la voiture thermique est remise en cause par l’envolée des coûts d’entretien et de carburant. Des alternatives moins polluantes se développent doucement.
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Dans ce coin du bocage vendéen, loin du littoral et des grands centres urbains, la voiture est perçue comme un bien de première nécessité. Aux Herbiers et dans les communes alentours (30 000 habitants), la moitié des ménages possèdent deux véhicules, selon les derniers chiffres officiels. « On a un taux de chômage de 4,1%, l’un des plus bas de France. Chacun a besoin de sa voiture pour se rendre au travail », justifie la maire divers droite, Véronique Besse. Le quatre-roues serait même un marqueur identitaire, selon cette proche du souverainiste Philippe de Villiers.
« Le Vendéen est très indépendant, il aime sa liberté, et donc sa voiture. »
Véronique Besse, maire divers droite des Herbiers
Sous le hangar du garage You, pourtant, on commence à toussoter. L’activité est bonne, mais la voiture thermique voit son règne contesté. Trop chère, trop polluante, elle se ringardise à petit feu et doit laisser du terrain à d’autres modes de transport plus vertueux. « Les petits garages, on est mal », glisse l’unique salarié, Benoît Villeneuve, âgé de 35 ans. Les ennuis ont déjà commencé.
« Des clients heureux comme Daniel, on n’en voit pas tous les jours », sourit Fabien Danard, qui a repris le garage à son patron en 2008. « Généralement, les gens n’aiment pas venir chez nous », confirme Stéphanie Danard, son épouse, qui gère l’administratif. Rien de personnel, juste une histoire de budget. Depuis la montée en puissance de l’électronique, les as de la mécanique ont perdu de leur magie et les factures ont pris du poids. « On ne répare presque plus, on remplace », déplore le couple de quadras, en première ligne pour affronter les réactions de la clientèle.
Pendant qu’il retape une Volkswagen Polo sauvée de la casse, le garagiste jette un coup d’œil dans le rétroviseur. « Jusque dans les années 1990, les clients étaient moins regardants. Si tu voulais une voiture, tu passais, on regardait un peu et on topait. C’était la belle époque, il y avait du pouvoir d’achat. Maintenant, pour la moindre bricole, c’est un devis. La voiture devient un produit de luxe. »
« Les gens viennent chez moi et font la gueule. “C’est cher”, “J’en ai marre de te voir”... À la longue, c’est usant. »
Fabien Danard, gérant du garage You
Assise sur un fauteuil en cuir jaune, dans le hall, Sophie attend de récupérer sa Volkswagen Golf. « Apparemment, la valve de pneu serait percée », a-t-elle expliqué, hésitante, en entrant. « D’habitude, c’est mon mari qui gère ça, mais il travaille. La voiture, cela ne m’intéresse pas. Pour moi, c’est un gouffre financier. » Pas question pour autant de lâcher la voiture. « J’en ai besoin pour déposer mes enfants et arriver à temps au travail, explique la cliente de 35 ans. Je pourrais le faire à pied, on est en centre-ville, mais il faudrait se lever encore plus tôt. »
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Le coup des prix à la pompe
Une Audi blanche s’arrête devant le garage. Le conducteur s’aventure jusqu’à l’atelier pour un problème de voyant moteur, alors qu’il vient d’acheter cette berline en seconde main. « Je suis resté sur du diesel, vu que cela consomme moins et que je fais 110 km par jour pour aller au travail, explique Christopher, éducateur spécialisé de 35 ans. J’avais envie de passer à l’électrique ou à l’hybride, mais c’est trop cher. »
« Avec la hausse des prix des carburants, comme d’autres collègues, j’ai commencé à chercher un travail plus proche de chez moi. »
Christopher, client du garage You à franceinfo
Parmi les clients, plusieurs ont sauté le pas de l’électrique. Cyril s’apprête à débourser 24 500 euros pour une Peugeot e-208 d’occasion, comme il l’explique pendant que le garagiste lui rafistole gracieusement sa remorque. « On a fait ce choix par rapport au prix du carburant et par souci écologique », défend ce professeur de SVT, devant Daniel You, resté dans les parages, pas convaincu.
« J’en avais pour 40 euros mensuels à la pompe. Avec l’électrique, ça me reviendra à 7 euros de recharge par mois.
– Oui, mais votre batterie, elle va tenir combien de temps ? Vous avez une garantie de huit ans, et après ? L’électrique, je n’y crois pas. »
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Priscilla Ludosky et la hausse du prix des carburants
Priscilla (qui apparaît à 8’36) rappelle qu’elle a lancé la pétition sur le prix des carburants en mai 2018, pétition qui a déclenché, 5 mois plus tard, la révolte des Gilets jaunes...Pour info, le cap des « 2 euros » par litre a été dépassé depuis.