La Nakba, la catastrophe en arabe, désigne l’expulsion forcée, en 1948, des Palestiniens de la terre de leurs ancêtres, afin de laisser la place libre aux colons du jeune État israélien. Une expulsion par la guerre, le règne de la terreur, les assassinats nocturnes, les viols aussi.
C’était il y a soixante-quatorze ans. Pour commémorer cette funeste date du 15 mai 1948, E&R vous propose de découvrir la mini-série britannique Le Serment (The Promise), réalisée en 2011 par Peter Kosminsky. L’histoire d’une jeune britannique qui découvre que son grand-père a fait partie, en 1945, des forces de maintien de la paix en Palestine. Se rendant en Israël peu après, elle est confrontée à la réalité du terrain, loin de ce qu’elle croyait en savoir...
La série entrelace les deux histoires, celle du soldat dans la Palestine sous mandat britannique et celle de sa petite fille, des dizaines d’années plus tard. Une mise en perspective qui nous montre que la Nakba n’est pas seulement un événement singulier, qui eut lieu en 1948, mais ce que les Palestiniens vivent depuis lors.
Épisode 1 :
Épisode 2 :
Épisode 3 :
Épisode 4 :
Une série dénoncée par le CRIF en 2011 !
Monsieur Bertrand Meheut
Président du directoire du Groupe Canal +
1, place du Spectacle
92130 Issy-les-Moulineaux
Paris, le 18 mars 2011
Monsieur le Président,
Nous avons appris la diffusion sur Canal +, le lundi 21 mars 2011, à 20h50, du premier épisode de la série « Le Serment », réalisée par Peter Kosminsky et traduite de l’original « The Promise ».
En tant que président du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, je vous écris pour vous faire part de mes craintes les plus vives concernant ce téléfilm, qui a été accueilli par une grave polémique lors de sa diffusion en Grande-Bretagne sur Channel 4. Cette série n’est pas une retranscription des faits, mais une vision partiale et idéologique de l’Histoire.
On voit dans ce téléfilm de nombreux Arabes et soldats britanniques tués par des Juifs. À seulement une occasion dans tout le téléfilm, nous voyons une personne juive mourir, tuée alors qu’elle protégeait une famille arabe. Où sont par exemple représentées dans cette fiction les insurrections arabes contre l’armée britannique ? Pourquoi n’y a-t-il aucune explication de l’entrée en guerre de tous les Etats arabes environnants, qui ont rejeté le vote de l’ONU pour une solution de deux Etats, en essayant de rejeter les Juifs à la mer ?
Des parallèles sont faits entre l’attentat contre l’hôtel King David à Jerusalem et les attentats suicides des djihadistes contemporains. La série ne mentionne pas les coups de fils d’alerte qui ont été faits avant l’explosion. On insiste sur le massacre de Deir Yassin, sans mentionner l’attaque du convoi juif au Mont Scopus, qui a tué 70 infirmières et médecins.
Je vous présente cette liste limitée d’inexactitudes simplement pour vous montrer que le contenu du « Serment » n’avait pas pour but d’informer, ou de présenter une image vraie de la situation à l’époque.
Dans ce film, le spectateur voit le conflit israélo-palestinien, si complexe, uniquement comme la conséquence de la violence et de la cruauté des Juifs, qui sont représentés de manière si extrémiste que toute empathie envers eux est exclue.
Il s’agit là malheureusement d’une tendance lourde aujourd’hui : le récent massacre de la famille Fogel le vendredi 11 mars 2011, a été unanimement décrit par la presse comme celui cinq « colons » (y compris le bébé de 3 mois) et c’est là le résultat de la déshumanisation des Juifs dont ce film participe.
Le CRIF respecte la pluralité des opinions et n’entend censurer personne. Cependant, il souhaite que Canal +, chaine responsable et respectée, établisse de sérieuses recherches et présente un autre programme plus équilibré sur le même thème, car les implications de la diffusion de « Le Serment » peuvent être très graves. En tant que représentant d’un groupe déjà victime d’abus physiques et verbaux, je crains que les calomnies sur les Juifs dans « Le Serment » conduisent à la montée de l’antisémitisme qui s’exerce sous couvert d’antisionisme.
Nous demandons en outre à Canal + que les émissions soient précédées d’un bandeau bien visible qui indique aux spectateurs qu’il s’agit d’une œuvre de fiction engagée et discutée, et non pas d’une transcription historique.
C’est pourquoi aussi, je souhaite vous rencontrer dès que possible pour m’entretenir avec vous sur ce sujet.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Richard Prasquier, Président du CRIF
Cc : Michel Boyon, président du CSA