Il y a quelques jours la chaîne Youtube de l’émission Faites entrer l’accusé a remis en ligne son épisode du 8 janvier 2006 sur l’affaire Carpentras. L’occasion d’un retour dans l’histoire pour les plus jeunes qui n’ont pas connu l’hystérique période qui s’étala sur 4 jours, du 10 mai jusqu’à son point d’orgue le 14 mai 1990 lorsqu’une immense manifestation regroupa plus de 200 000 personnes dont le président en exercice François Mitterrand en tête de cortège. C’est la première et seule fois qu’un président de la République dans l’exercice de ses fonctions participa à une manifestation en France. La manipulation et la récupération étaient à leur comble.
Ce documentaire n’est que le récit officiel des faits et des enquêtes. On y apprend tout de même que le Front national et Jean-Marie Le Pen, particulièrement salis lors de toute cette manipulation politique, seront blanchis des accusations portés contre eux. Mais jamais réhabilités. Ce que l’on ne rappelle pas c’est que les dirigeants locaux du FN, Guy Macary et Fernand Teboul, faisaient eux-mêmes partie de la communauté juive...
D’ailleurs c’est plutôt ce qui n’est pas dit, ou ce qui est dit incidemment et n’est pas souligné, qui importe dans ce reportage. Ces cinq anciens skinheads providentiels dont l’un va s’accuser spontanément six années plus tard sont bien possiblement les auteurs des faits, mais qui sont les commanditaires. Qui ?
La tête pensante, Jean-Claude Gos a été opportunément tué le 23 décembre 1993, trois ans après les faits alors qu’il roulait à moto. Le chauffeur de la voiture responsable du meurtre, Rachid Belkir, sera retrouvé mort en 1995, tué de deux balles dans le torse et plongé dans le Rhône, deux lourdes pierres attachées aux pieds. Etrange, pour le moins.
Cela ne prouve pas une culpabilité, probablement, mais quel était donc le mobile de ces jeunes désœuvrés ? Il faut connaître la bien triste expérience de Michel Lajoye, militant d’extrême droite recruté par la police en 1986 pour infiltrer les milieux nationalistes, lui-même suivi de près dans un système en poupées russes qui lui faisait dire que dans un petit groupe de militants natios il y avait probablement une majorité de flics, de faux activistes ou d’indics. Il fut lui-même manipulé et termina sa course avec 18 ans de prison – qu’il effectua sans aucune remise de peine – pour une bombe qui ne fit même pas quelques dégâts matériels.
En général le pigeon de l’histoire, le Lee Harvey Oswald du moment, finit trucidé comme le rappelait Michel Lajoye qui échappa miraculeusement à cette fin prévue. Alors, quid de ce Jean-Claude Gos ?
La vérité nichée au sein de ce panier de crabes n’émergera probablement jamais, mais on ne peut que constater qu’après tout ce tam-tam médiatique et ce chantage à l’antisémitisme, le Front national fut désormais exclu de « l’arc républicain », rendant impossible toute victoire de la droite dans un piège machiavélique dont François Mitterrand – déjà fausse victime du faux attentat de l’Observatoire en 1959 – avait le secret.
Pire, quatre mois plus tard, naissait la sinistre loi Gayssot. Des quatre causes décrites par Aristote, voici probablement la plus belle illustration d’une cause finale.