Chaque semaine, la sinistrose s’étend un peu plus dans le monde paysan. 30 % des agriculteurs ont des revenus équivalents à 354€ par mois.
Au premier semestre, la permanence de prévention du suicide chez les agriculteurs – Agri’écoutes – a reçu 1 700 appels, soit une moyenne de 285 appels par mois contre une centaine par mois sur la même période, un an plus tôt.
« Résignation complète »
Ce quasi-triplement est toutefois relativisé par la Mutualité sociale agricole, qui rappelle notamment que ce dispositif lancé en octobre 2014 n’a commencé à être connu qu’à compter du printemps 2015. Néanmoins, le nombre d’agriculteurs en détresse ne cesse de croître et leurs interrogations face à la situation économique du secteur prennent une tournure presque existentielle. « Il y a une interrogation dans les campagnes sur le sens de notre métier : on est là pour faire quoi ? », déclare Pascal Cormery, président de la MSA, allant jusqu’à évoquer une « résignation complète » des membres de la corporation.
« Beaucoup de mes collègues me disent : "Est-ce qu’on a vraiment besoin de nous ? Est-ce qu’on sert vraiment à nourrir la population ? », ajoute-t-il.
Prime d’activité : déjà 200 000 demandes en 2016
Autre signe de la précarité croissante dans le monde paysan, l’explosion de la demande de primes d’activité, le nouveau dispositif pour les travailleurs à revenu modeste qui a remplacé le RSA activité : alors que la MSA attendait 60 000 demandes pour l’ensemble de 2016, elle en est déjà à 200.000 depuis le début de l’année. Des demandes qui concernent pour un tiers les chefs d’exploitation et pour deux-tiers les salariés agricoles.
Cette explosion des demandes s’explique assez facilement : en 2015, 30 % des agriculteurs imposés au régime réel ont eu des revenus équivalents à 354€ par mois. En 2014, « ils étaient 18 % dans cette situation », relève la MSA, inquiète de l’évolution pour 2016, alors que les chiffres concernant les récoltes de l’année n’en finissent pas de dégringoler.