La destruction d’un convoi du groupe jihadiste Ansar Dine (et non d’AQMI, comme l’a indiqué dans un premier temps l’Élysée) dans le nord du Niger, la semaine passée, prouve, s’il en était besoin, la pertinence de l’opération français Barkhane, lancée le 1er août dans la bande sahélo-saharienne (BSS).
D’après le compte-rendu de ce raid publié par le Journal du Dimanche, le convoi d’une dizaine de véhicules tout terrain avant été suivi par satellite et par drone pendant plusieurs jours avant d’être attaqué par des hélicoptères et les forces spéciales françaises, lesquelles ont fait prisonniers une dizaine de jihadistes rescapés et saisi une cargaison relativement importante d’armes.
Actuellement, l’opération Barkhane compte 3 000 hommes répartis sur deux fuseaux (ouest au Mali et est au Tchad), une vingtaine d’hélicoptères, 6 avions de combat, 200 véhicules blindés et autant de camions, 7 appareils de transport et 4 drones.
Cela peut sembler peu au regard de la surface immense des territoires à surveiller, même si l’on se concentre sur les routes empruntées par les jihadistes pour passer du nord du Mali au sud de la Libye, région qualifiée de « hub » terroriste par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la force Barkhane va installer une base avancé dans le nord du Niger – vraisemblabement à Adama.
Évoquant le risque de « jonction opérationnelle » avec les différents groupes jihadistes présents en Afrique (Boko Haram au Nigéria, Shebabs somaliens, ets…) lors d’un discours prononcé devant l’Institut des Hautes Études de la Défense nationale (IHEDN), le chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers avait souligné justement les défis des opérations dans la BSS. « Le combat change donc d’échelle, il se régionalise. (…) Ce sont des distances considérables (…) Imaginez, du Cap Finistère à Odessa, de Copenhague à Munich : c’est cela, notre zone d’action », avait-il dit.
Cela étant, avec la réogarnisation du dispositif français dans la BSS, les groupes jihadistes s’adaptent. Et ils reviennent dans le nord du Mali, d’où ils avaient été chassés par l’opération Serval, pour y harceler les casques bleus de la MINUSMA. Depuis septembre, ces derniers ont perdu une vingtaine d’hommes lors de plusieurs attaques revendiquées le plus souvent par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Normalement, la mission d’assurer la sécurité dans le nord du Mali revient aux Forces armées maliennes (FAMa)… qui à Kidal, en mai dernier, par les groupes touareg, y sont indésirables pour le moment. Quant à la MINUSMA, elle n’a pas forcément les capacités et l’entraînement nécessaires. Le millier de militaires français déployés à Gao devait armer une force de réaction rapide, comme l’indiquait la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Aussi, il serait question d’augmenter les effectifs de l’opération Barkhane en les portant à 4 000 hommes. Et cette hypothèse serait effectivement dans les tuyaux, d’après le quotidien Le Figaro, qui cite une « bonne source » qui ne voit « pas comment nous pourrions faire avec le format actuel ».
Toujours d’après Le Figaro, ce renforcement des effectifs de Barkhane pourrait avoir lieu à partir de novembre prochain, grâce à un désengagement progressif de Centrafrique, où la mission des Nations unies, la MINUSCA, devrait atteindre sa pleine capacité (12 000 hommes). Un groupement tactique interarmes (GTIA) serait alors redéployé vers la BSS.