Ministre de la Police de 1799 à 1802 et de nouveau de 1804 à 1810, il eut longtemps la haute main sur la censure. Les écrivains ne le lui pardonnèrent pas : Chateaubriand, Michelet, plus tard Stefan Zweig ont construit une légende noire, à laquelle Napoléon, depuis Sainte-Hélène, ne manqua pas d’apporter sa contribution : il avait appris d’expérience que la police de Fouché servait le ministre avant l’empereur.
Autre handicap pour le personnage. Tout duc d’Otrante qu’il était devenu, il n’avait pas les manières. Il promenait à la cour qu’il n’aimait pas sa silhouette sèche, son sourire étroit, son regard de colin froid. Il avait la tête de son emploi, il semblait l’avoir volée à un squelette.
Première Restauration en 1814, retour de Napoléon en mars 1815 : après la défaite de Waterloo, quelle issue trouver ?
L’été 1815, côte à côte ou face à face avec Talleyrand qui s’était, lui aussi, aux Affaires étrangères, taillé un ministère à sa mesure, Fouché va jouer serré.
Il n’est jamais aussi à l’aise que dans les situations extrêmes. Tout de même, faire le grand écart entre Napoléon et Louis XVIII, ça réveille d’anciennes blessures mal cicatrisées. Notre homme a été conventionnel. Représentant en mission à Lyon, il a actionné la guillotine : près de 1 300 exécutions en deux mois. Pis, il a voté la mort du roi.
Mais lui considère l’acquis des 25 dernières années. Comment le préserver face à la lame de fond qui monte du passé ? Il y a tout de même eu depuis 1789 des moments héroïques et des réformes respectables, affirme-t-il dans un de ses moments de sincérité.