Alors que le surcoût des opérations extérieures a dépassé le milliard d’euros en moyenne au cours de ces trois dernières années, le budget de la Défense pour 2014 avait prévu une ligne de 450 millions d’euros pour les financer, la différence devant être comblée par la réserve de précaution interministérielle.
Pour être clair, l’on parle bien de « surcoûts » des interventions extérieures, c’est à dire que seules sont prises en compte les dépenses qui n’auraient pas été faites s’il n’y avait pas eu d’opérations militaires (munitions et énergie consommées en plus, primes, etc…).
En 2014, la France est engagée au Liban dans le cadre d’une mission de l’ONU, au Sahel (Serval, puis Barkhane), en Irak (Chammal) ou encore en Centrafrique (Sangaris). Dans le même temps, elle a réduit ses effectifs (Afghanistan), retiré ses troupes (Kosovo, Jordanie), ou va transformer une opération en force prépositionnée (Licorne, en Côte d’Ivoire).
Seulement, et comme l’on pouvait s’y attendre, la facture dépassera largement les 450 millions prévus. C’est ce qu’a confirmé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d’un audition sur le projet de loi de finances 2015 à l’Assemblée nationale.
« Indépendamment des développements récents, en Ukraine, au Levant et en Afrique occidentale, le chiffrage global du surcoût prévisionnel à de nos interventions à la fin 2014 est en cours de consolidation dans le cadre des travaux de fin de gestion », a-t-il commencé par expliquer. Et d’ajouter : « Je peux toutefois déjà vous dire qu’au 31 août 2014, la consommation effective au titre des surcoûts OPEX s’élevait à 743 millions d’euros (680 millions d’euros au 31/07), et que le surcoût prévisionnel total devrait avoisiner 1,1 milliard d’euros en 2014 ».
Il faudra donc trouver, à la fin de cette année, 650 millions d’euros… Cette somme sera donc financée par réserve interministérielle, à laquelle le ministère contribue à hauteur de 20%. Il faudra donc s’attendre à des annulations de crédits… Quel poste de dépenses sera concerné ?
L’an passé, pour la même raison, et alors que 630 millions d’euros avaient été initialement budgétés, les surcoûts OPEX avaient atteint 1,25 milliard d’euros, en raison de l’opération Serval et de la fin de la mission de combat en Afghanistan, ce qui a impliqué le retrait des matériels engagés sur ce théâtre.
Pour trouver cette somme et financer d’autres mesures (soit, au total, 3 milliards de dépenses nouvelles) , la réserve de précaution interministérielle avait été sollicitée. Et le ministère de la Défense s’était vu annuler 650 millions d’euros de crédit, concernant principalement l’équipement des forces, ce qui n’était pas l’idéal avant l’entrée en application de la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019.