Il y a deux semaines, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a tenté de mobiliser ses partenaires européens au sujet du sud de la Libye, devenu un « hub » pour les jihadistes actifs dans la bande sahélo-saharienne (BSS). Et si rien n’est fait, il est à craindre une « jonction entre les différents califats » que les terroristes cherchent à instaurer au Moyen-Orient, dans le nord du Nigéria et au Maghreb.
Le 1er août dernier, la France a lancé l’opération Barkhane dans la BSS, afin de mieux coordonner la traque des groupes jihadistes qui y sont actifs. Forte de 3 000 hommes, cette nouvelle mission a pris le relais de Serval au Mali et d’Épervier au Tchad. En outre, elle est appuyée en matière de capacités ISR (renseignement) par des drones américains acutellement basés à Niamey, au Niger, aux côtés des deux Reaper de l’armée de l’Air.
Récemment, l’on a appris que le Pentagone avait l’intention de déplacer ses drones dans le nord du Niger, précisément à Agadez, soit à équidistance du Nord-Mali et du sud de la Libye, tout en étant relativement proche du nord du Nigéria, où le groupe jihadiste Boko Haram fait régulièrement parler de lui en se rendant coupable d’exactions.
La force Barkhane dispose de deux points d’appuis permanents (N’Djamena pour l’état-major et les forces aériennes et Gao avec mille hommes) et de bases avancées temporaires (BAT) à Niamey (Niger), Ouagadougou (Burkina Faso), Tessalit (Mali), Atar (Mauritanie), Abéché et Faya-Largeau (Tchad). Et au moins une autre pourrait être prochainement créée.
En effet, d’après des informations recueillies par RFI, la force Barkhane va installer un détachement dans le nord du Niger, donc au plus près de la frontière libyenne, afin d’être présente sur une ligne reliant Tessalit à Faya Largeau et d’avoir un œil sur les plateaux nigériens (Mangéni, Djado, passe de Salvador), où circulent les trafics en tous genres et les jihadistes.
Toujours d’après RFI, les forces françaises viennent de passer une dizaine de jours dans le nord du Niger pour y effectuer une reconnaissance afin de trouver les terrains utilisables pour l’aviation et d’identifier les points d’eau.
« Le nord du Niger est une zone d’intérêts parce que c’est une zone de flux. Et en totale coopération avec les forces armées nigériennes, nous souhaitons nous y installer de manière temporaire », a expliqué le général Palasset, le commandant de l’opération Barkhane. « Actuellement, la Libye n’est pas dans ma zone d’action. Mais la Libye, et particulièrement le sud (…), est une zone d’intérêts puisqu’on sait très bien que c’est un lieu de stationnement, d’entraînement, et que c’est de là que vient l’armement. Les mines qui nous frappent viennent de cette zone-là », a-t-il ajouté.