Le fanatisme rampant tente de reléguer la société libyenne à l’obscurantisme - La mouvance islamiste radicale a commencé à gagner en influence en Libye en profitant du vide sécuritaire et de la faiblesse de l’État pour s’incruster davantage dans les méandres de la société libyenne et lui imposer des pratiques d’un autre âge, rejetant tout progrès devenu pourtant un acquis de la vie moderne de tous les pays musulmans à l’orée du 21ème siècle.
Pas un jour ne passe sans que les Libyens assistent médusés à l’introduction, au nom de l’Islam, de nouveaux comportements sans aucun rapport avec leurs traditions ni les véritables principes de l’Islam authentique ou l’interdiction de pratiques pourtant bien ancrées dans les habitudes des citoyens dans le but inavoué de reléguer dans l’obscurantisme le pays.
Cette situation a été illustrée par l’affaire de deux femmes dans la ville de Mezda (environ 160 km, Sud-ouest) qui ont eu des complications lors de l’accouchement après que des radicaux islamistes aient renvoyé quatre gynécologues libyens qui travaillaient dans le service de gynécologie de l’hôpital de la ville, indique l’agence libyenne LANA.
Ce sont ces mêmes islamistes qui mènent actuellement une campagne tout azimut ciblant des domaines liées à la femme.
Ainsi, des barbus défendant des opinions extrémistes ont contraint les femmes monitrices dans les auto-écoles de Tripoli d’abandonner leur travail et de ne plus donner de cours de conduite aux femmes.
Cette initiative vise à priver la femme libyenne de toute indépendance et de l’enfermer dans la maison après avoir été émancipée et affranchie des liens et des idées rétrogrades.
Les salons de beauté ont également été pris pour cible et leur propriétaire font l’objet d’intimidation et de pression pour les obliger à mettre la clé sous le paillasson.
Les bain-maures ou hammam, dont l’existence remonte à la nuit des temps et qui font partie des traditions libyennes, ont été dans le collimateur de ce mouvement de remise en cause obscurantiste.
Passage obligé de la mariée, le hammam constitue un rituel par lequel doit passer nécessairement les candidats au mariage.
Ces islamistes reviennent de loin et œuvrent implacablement à exécuter leur plan d’islamisation rampante de la société libyenne, en la ramenant au pré-carré non pas par souci de servir la religion mais de réaliser leur objectif.
Après la démolition de dizaines de sanctuaires de saints soufi, c’est au tour de la société de payer un lourd tribu en s’attaquant à un pilier essentiel, à savoir les traditions et les us.
Mais au-delà c’est la femme, base de la famille, qui est visée. Non content de la voir libre et participer aux côtés de l’homme à la construction du pays après avoir été au premier rang durant la guerre de la révolution, les islamistes veulent reléguer la femme au second plan pour la laisser cloîtrée enter quarte murs dans la maison.
Petit à petit l’oiseau fait son nid, cet adage utilisé à encourager à faire preuve de patience pour arriver à ses fins, a été détourné par ces islamistes.
Ils ont commencé d’abord par encourager le port de la barbe, ce qui en soit n’est pas méchant, mais ce qui l’est c’est le style vestimentaire à l’afghane qui est contraire aux habitudes des Libyens et vise à opérer une différence entre les Libyens.
Ensuite, c’est grâce aux associations sous couvert de bienfaisance que les islamistes radicaux ont entrepris d’élargir leur assise en faisant du drame des plus démunis un fonds de commerce.
Ils collectent des dons et reçoivent des financements douteux de la part des pays du Golf.
Les islamistes radicaux, qui ont proliféré en libyen après la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, se sont très bien implantés dans le pays, notamment à Benghazi, Derna, Syrte et commencent à gagner des villes comme Sabrata et Tripoli (ouest).
Le groupe le plus puissant est celui d’Ansar Asharia, des salafistes djihadistes qui prônent ouvertement la création du Califat et accusent de façon ostentatoire les autorités d’être des « mécréants ».
Ces islamistes sont impliqués dans des filières de recrutement de djihadistes pour la Syrie et ont crée tout un circuit bien rodé pour acheminer ces djihadistes embrigadés vers des pays arabes et même occidentaux, vers le front en Syrie, selon des experts dans le domaine.
Pourtant, la société libyenne, bien qu’elle soit conservatrice et réputée pour l’art de mémorisation du Coran, embrasse un Islam modéré et tolérant.
Le statut de la femme libyenne et sa place dans la société font des jaloux, considérés comme les plus progressistes du fait que la femme libyenne peut exercer tous les métiers et dispose du droit de voyager seule sans tuteur, un avantage que ne possèdent pas ses sœurs dans de nombreux pays arabes.
Les Libyens ont, dès la première occasion qui leur a été offerte, désavoué les courants islamistes en votant lors des élections législatives de juillet 2012 largement en faveur des partis politiques d’obédience libérale, en particulier l’Alliance des forces nationales (AFN) qui a remporté la majorité des sièges réservés aux partis politiques, au détriment du Parti pour la justice et la construction (PJC), le bras politique des Frères musulmans libyens.
Kamal al-Mazoughi, universitaire, se rappelle bien que lors de ces élections les électeurs ne cachaient pas leur préférence pour le camp libéral.
Il a rappelé que la Libye a constitué une exception dans les pays du « Printemps arabe » en ne portant pas les islamistes au pouvoir.
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