En Turquie, même si le niveau de violence a globalement diminué, des locaux du parti pro-kurde HDP, à Istanbul et dans d’autres villes du pays, ont été mis à sac et parfois brûlés par des militants islamistes et nationalistes mercredi 9 septembre. Et ce, pour la troisième soirée consécutive. A la frontière syrienne, la situation dans la ville de Cizre, sous blocus depuis une semaine, est toujours très préoccupante. Les bilans s’alourdissent. Un journaliste français retranché dans la localité témoigne du climat de guerre qui y règne.
Depuis mercredi, les principaux dirigeants du parti pro-kurde HDP, dont son président Selahattin Demirtas, tentent d’obtenir le droit de rendre visite à Cizre. Mais l’accès leur a été barré à plusieurs reprises à plusieurs kilomètres de distance. Ce jeudi midi, les députés pro-kurdes de Turquie ont finalement été interdits d’entrée par le gouvernement turc. « Nous ne permettrons pas qu’ils se rendent à Cizre », a déclaré le ministre de l’Intérieur, précisant qu’il s’agissait d’assurer leur sécurité. Illustration de ce qui est en train de se passer dans le sud-est kurde du territoire turc.
Ces derniers jours, à Cizre, des tirs ont fait plusieurs victimes après les attaques lancées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Après la riposte violente des nationalistes, un climat de guerre s’est désormais installé. Matthieu Delmas, un journaliste français indépendant, se trouve à l’intérieur de localité. Il nous a décrit par téléphone ce qu’il vit. Son témoignage illustre les tensions majeures qui y règnent : « La ville est assiégée depuis maintenant six jours, depuis vendredi. J’ai pu voir par moi-même des tanks qui sont positionnés à chaque entrée de la ville, totalement bouclées. Personne ne peut ni entrer, ni sortir de la ville. »
« C’est vrai que depuis six jours, j’ai pu voir la situation évoluer. Les habitants se barricadent dans leur quartier en construisant des murs de sacs de sable, en perçant des passages entre les bâtiments afin de ne pas avancer à découvert. Il faut savoir que la principale menace, c’est avant tout les snipers. Depuis plusieurs jours, il y a plusieurs civils dont au moins cinq enfants qui ont été tués par les snipers des forces spéciales. C’est vraiment une ville où les habitants vivent retranchés dans leur quartier. »