Aux États-Unis ou au Japon, le « porno vengeur » fait des ravages sur le Web. En France, les internautes sont moins prompts à publier les photos et vidéos en situation de leurs anciens amants. Pour combien de temps ?
En 2007, Laure Manaudou est la petite fiancée des Français. Ravissante, radieuse, asexuée et innocente comme la sirène qui sort de l’eau. Jusqu’à ce choc : postées et relayées sur le Web, des images d’elle dénudée rappellent à ses fans, et à d’autres moins bien intentionnés, que la championne est une femme, à la vie affective tout ce qu’il y a de plus adulte. Et consentante ? Non, Laure Manaudou n’a jamais consenti à ce que son corps, défendant, soit de cette manière exposé à tous les regards concupiscents.
Dans son autobiographie publiée cet automne, Entre les lignes, la nageuse révèle que l’un de ses ex, Pierre Henri, serait à l’origine de la fuite. À l’heure des nouvelles technologies, c’est ainsi que les histoires d’amour finissent mal : aujourd’hui, Othello n’étoufferait pas Desdémone, il ferait tourner les vidéos de leurs ébats sur les réseaux sociaux, avec son numéro de portable, son adresse e-mail et une poignée de commentaires graveleux.
Aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon, ce genre de forfaiture porte un nom : le revenge porn. Le « porno vengeur » y est même devenu phénomène de société. À tel point que 11 États américains ont suivi ces derniers mois l’exemple du New Jersey, qui, dès 2004, légiférait sur le sujet, et qu’une dizaine d’autres y songent sérieusement, avant, peut-être, une loi fédérale. La presse s’en émeut à longueur d’articles consacrés, notamment, aux petits futés qui, inévitablement, en ont fait un business.