Une conférence de donateurs pour la reconstruction de Gaza dévastée par la guerre s’est tenue au Caire dimanche dernier. Elle a affiché un engagement total de 5,4 milliards de dollars de la part de différents gouvernements occidentaux et arabes.
En réalité, Israël est le véritable bénéficiaire de cette aide monétaire. La communauté internationale (ainsi qu’elle se proclame) a une fois de plus payé la facture de la reconstruction, de même qu’elle arme Israël et assure son impunité, et ne fait ainsi que récompenser son assaut sur Gaza et garantit essentiellement sa répétition.
« C’est la troisième fois en moins de six ans qu’avec les habitants de Gaza nous avons été contraints de faire face à un effort de reconstruction », a déclaré un John Kerry exaspéré à la conférence. Pour le secrétaire d’État américain, c’est comme si le bain de sang de cet été était tout sauf inévitable, vu tout l’armement prodigué à Israël, ajouté à l’aide financière et à la couverture diplomatique déployées depuis les assauts d’envergure de novembre 2012 et de l’hiver 2008-2009.
Les participants à la conférence des donateurs ne font que l’effort minimum, leur permettant de prétendre qu’ils donnent la priorité aux survivants de Gaza, alors que plus d’un sur mille des 1 800 000 Palestiniens de Gaza, dont la plupart sont des réfugiés, ont été tués.
L’Autorité palestinienne, basée dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, a déjà annoncé que la moitié des engagements financiers de la conférence de dimanche ne parviendra pas à Gaza.
Les engagements pour Gaza détournés à Ramallah
Au contraire, ces fonds seront détournés vers le budget de l’Autorité palestinienne sur des postes non spécifiés.
Bien que l’AP n’ait pas dit comment elle va utiliser les fonds levés à la conférence pour la reconstruction de Gaza, fonds qu’elle s’est réservés, « le secteur de la sécurité s’est développé plus vite que n’importe quel autre domaine de l’Autorité palestinienne », au cours de la dernière décennie, ainsi que l’ont noté Sabrien Amrov et Alaa Tartir dans un document de politique générale publié par le think tank palestinien Al-Shabaka.
L’année dernière, 26 % du budget de l’AP ont été consacrés à la sécurité (en comparaison des 16 % pour l’éducation, 9 % pour la santé et un minuscule 1 % pour l’agriculture qui est, historiquement, la colonne vertébrale de l’économie palestinienne). « 44 % des fonctionnaires de l’AP sont employés dans le secteur de la sécurité – plus que dans tout autre », ont souligné Amrov et Tartir.