« Je n’hésiterai pas à agir contre l’État islamique en Syrie, comme en Irak », a affirmé, le 10 septembre, Barack Obama, le président des États-Unis. Depuis le 8 août, l’aviation américaine effectue des frappes aériennes contre les jihadistes de l’EI dans le nord et l’ouest du territoire irakien.
Or, ces actions ne peuvent avoir que des conséquences limitées dans la mesure où l’organisation terroriste dispose de bases arrières en Syrie. L’on retrouve le même type de problème que l’OTAN a connu en Afghanistan, les combattants taliban trouvant refuge dans les zones tribales pakistanaises, plus précisément au Nord-Waziristan. D’où d’ailleurs le recours aux frappes de drones américains dans ces régions…
Seulement, il n’est pas question pour la coalition qui est en train de se former de demander quoi que ce soit au régime syrien étant donné que la plupart des pays appelés à y participer souhaite son départ. Qui plus est, quand on joue avec le feu, on finit par se brûler : c’est ce qu’a fait Bachar el-Assad en faisant preuve de beaucoup d’indulgence, par le passé, à l’égard des jihadistes qui, aujourd’hui, contrôlent de vastes territoires en Syrie.
Aussi, frapper l’EI en Syrie s’avère délicat. Ce 11 septembre, le secrétaire d’État syrien pour la Réconciliation nationale, Ali Haïdari, a répété l’avertissement formulé il y a peu par les autorités de son pays. « Toute action sans l’accord du gouvernement syrien serait considérée comme une attaque contre la Syrie », a-t-il dit. Quant aux moyens de ripostes, il n’a pas été précis. « On ne peut pas parler de la riposte syrienne avant qu’une attaque ait lieu et cela dépend de la nature de l’attaque », a-t-il simplement affirmé. « Il faut coopérer et coordonner avec la Syrie et obtenir son aval pour n’importe quelle action sur son territoire que ce soit de nature militaire ou autre » a-t-il insisté.
Cela dit, l’aviation israélienne a effectué plusieurs raids en Syrie, notamment pour bombarder des convois d’armes destinés au Hezbollah, sans avoir subi de dommages. Toutefois, la défense syrienne a abattu, en juin 2012, un RF-4E turc qui s’était aventuré brièvement dans son espace aérien.
Quoi qu’il en soit, et comme l’on pouvait le supposer, la position syrienne est soutenue par la Russie. « Le président américain a annoncé la possibilité de frappes sur les positions de l’Etat islamique en Syrie sans l’accord du gouvernement légal » (le régime de Bachar al-Assad) a déclaré Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. « Une telle initiative en absence de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU constituerait un acte d’agression, une violation grossière du droit international », a-t-il estimé.
Par ailleurs, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont exclu de mener des frappes en Syrie. « Pour le dire assez clairement, on ne nous a pas demandé de le faire et nous ne le ferons pas », a déclaré Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand. À vrai dire, une telle position était attendue… En revanche, celle exprimée par Londres l’est moins.
Le Royaume-Uni soutient « entièrement l’approche des États-Unis consistant à former une coalition internationale » contre l’EI, comme l’a fait valoir Philip Hammond, le ministre britannique des Affaires étrangères. Mais, lors d’un entretien donné à Reuters, ce dernier a déclaré : « Laissez-moi dire les choses clairement, la Grande-Bretagne ne participera à aucune frappe aérienne en Syrie. Nous avons déjà eu cette discussion à notre parlement l’an dernier et nous ne réexaminerons pas cette position. »