Le président américain Barack Obama s’apprête à autoriser des frappes aériennes en Syrie dans le cadre de la stratégie de lutte contre les jihadistes de l’État islamique (EI), ont rapporté mercredi deux des plus grands quotidiens américains.
Le secrétaire d’État américain John Kerry est arrivé mercredi en visite non annoncée à Bagdad pour apporter son soutien au nouveau gouvernement irakien dans son combat contre les jihadistes de l’État islamique (EI) qui contrôlent une partie du pays, a constaté un journaliste de l’AFP. John Kerry est attendu ce mercredi matin en Jordanie.
Selon le New York Times et le Washington Post, Obama est prêt à étendre à la Syrie la campagne de frappes aériennes qui a visé depuis un mois en Irak les combattants de l’EI, qui se sont emparés ces derniers mois de vastes territoires dans les deux pays.
Le New York Times cite un haut responsable gouvernemental, et le Washington Post, des experts en politique étrangère consultés par le président américain cette semaine.
Le président Obama devrait annoncer cette stratégie au cours de l’allocution solennelle qu’il prononcera mercredi soir à la Maison Blanche.
Barack Obama est déterminé à combattre l’EI "partout où sont leurs cibles stratégiques", a ainsi expliqué au Washington Post Michele Flournoy, ancienne secrétaire adjointe à la Défense, qui figurait parmi les experts qui ont rencontré le président au cours d’un dîner lundi.
L’EI "ne respecte pas les frontières internationales. On ne peut pas leur laisser un refuge. Je crois que le président va être très clair".
Selon le New York Times, le président a l’intention d’entamer "une campagne à long terme, bien plus complexe que les frappes ciblées contre al-Qaïda au Yémen, au Pakistan ou ailleurs".
Kerry en tournée
Le chef de la diplomatie américaine doit notamment rencontrer le Premier ministre Haïdar al-Abadi, dans le cadre d’une vaste tournée au Moyen-Orient destinée à consolider une coalition de plus de 40 pays destinée à terrasser les jihadistes ultra-radicaux de l’EI qui sèment la terreur sur des pans de l’Irak et de la Syrie.
A la veille du 13e anniversaire des attentats du 11 septembre, Barack Obama présentera mercredi soir heure locale (vers 01H00 GMT jeudi), lors d’une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, la stratégie des États-Unis pour "affaiblir et, à terme, détruire le groupe terroriste".
"Je veux que les Américains comprennent la nature de la menace (...) et qu’ils soient confiants dans le fait que nous serons capables d’y faire face", a-t-il expliqué, promettant, un mois après le lancement de frappes ciblées en Irak, une nouvelle phase, plus offensive, tout en restant fidèle à son credo : pas de troupes américaines de combat au sol.
Discuter de "la question du terrorisme dans la région"
Après Amman, le secrétaire d’État américain se rendra à Jeddah en Arabie saoudite, où il rencontrera les chefs de la diplomatie des pays du Golfe, d’Irak, de Jordanie, d’Égypte et de Turquie.
Cette réunion, prévue jeudi, est destinée à discuter de "la question du terrorisme dans la région, des organisations extrémistes et des moyens de les combattre", selon l’agence officielle saoudienne SPA.
Vendredi, ce sera au tour du président français François Hollande de monter au créneau : il se rendra en Irak avant d’organiser lundi à Paris une conférence internationale sur "la paix et la sécurité" dans ce pays.
Des pays arabes de premier plan ont d’ores et déjà affirmé leur volonté de soutenir le projet américain de coalition.
L’Égypte soutient les USA
L’Égypte, pays-clé dans la région, a affirmé mardi soutenir "politiquement" les Etats-Unis. Tout en avertissant qu’une participation à des mesures sécuritaires devait se faire "dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité".
Les pays de la Ligue arabe avaient déjà affirmé dimanche leur détermination commune à "affronter les groupes terroristes", dont l’EI, un groupe ultra-radical qui occupe de vastes territoires en Irak et en Syrie, où il a proclamé fin juin un "califat".
Nouveau gouvernement à Bagdad
De nombreuses capitales, dont Washington et Téhéran, ont par ailleurs salué mardi la formation d’un nouveau gouvernement de rassemblement à Bagdad par le Premier ministre Haïdar Al-Abadi.
Ce dernier a cependant réclamé une semaine supplémentaire pour attribuer deux portefeuilles essentiels pour mener la lutte contre l’EI, ceux de l’Intérieur et de la Défense.
M. Kerry a salué l’"étape majeure" que représente la nomination de ce nouveau gouvernement.
L’Iran, qui voit d’un très mauvais œil la percée des extrémistes sunnites chez son voisin irakien, a également félicité M. Al-Abadi.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a insisté sur la nécessité que les postes ministériels encore vacants soient pourvus sans délai. Le gouvernement sortant avait en effet aussi entamé son mandat avec des portefeuilles non attribués et certains postes ont été occupés pendant quatre ans par des ministres intérimaires.
Émissaire de l’ONU à Damas
Sur le terrain, les avions américains poursuivent la campagne de frappes entamée il y a un mois sur des positions de l’EI dans le nord de l’Irak, une aide cruciale pour les forces fédérales et kurdes qui avaient pu reprendre le plus important barrage du pays, près de Mossoul. Ils l’ont élargie ces derniers jours à la province à majorité sunnite d’Al-Anbar (ouest), contrôlée partiellement par l’EI.
Des chasseurs américains et des drones ont mené des frappes près du barrage de Haditha, dans cette province, a précisé le Centcom, le commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.
Cet appui, et les progrès modestes qui l’accompagnent, permettent à l’armée fédérale de reprendre confiance après la déroute subie en juin face à l’offensive de l’EI.
En Syrie voisine, où la guerre fait rage depuis plus de trois ans, le nouvel émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, est arrivé à Damas pour sa première visite depuis sa nomination.
Durant son séjour de trois jours, il doit évoquer avec les responsables syriens "les perspectives d’une solution", selon un journal syrien, alors que le conflit s’est compliqué cette année avec la montée en puissance de l’EI qui combat à la fois le régime et les rebelles.
Dans le nord-ouest du pays, au moins 28 chefs du groupe rebelle Ahrar al-Cham, qui tenaient une réunion, ont été tués mardi dans un attentat, a rapporté une ONG syrienne qui n’était pas en mesure de dire dans l’immédiat qui était derrière l’attaque.