Afin de leur apporter un soutien face aux jihadistes de l’État islamique (EI) qui menacent leur territoire, plusieurs pays occidentaux, dont la France, l’Allemagne et les États-Unis, ont livré – ou sont sur le point de le faire – des armes aux combattants kurdes irakiens (peshmergas). Le 9 septembre encore, Londres a annoncé l’envoi de mitrailleuses lourdes et de munitions pour un montant de 2 millions d’euros.
Seulement, ces livraisons d’armes sont suivies de près par Ankara. En effet, l’offensive de l’EI dans le nord de l’Irak a donné lieu à un élan de solidarité entre les différents mouvements kurdes, établis en Syrie (Parti de l’union démocratique – PYD), et en Turquie (Parti des travailleurs kurdes, PKK), au point de gommer leurs dissensions.
Depuis les années 1980, le PKK, classé comme terroriste par certains pays, dont les États-Unis, s’oppose à Ankara par les armes pour exiger davantage d’autonomie. En 2003, suite à la chute de Saddam Hussein, le Kurdistan irakien lui servit de base de repli face aux forces armées turques. Ces dernières y menèrent d’ailleurs plusieurs opérations pour y démanteler des camps du groupe rebelle.
Cela étant, depuis 2012, Ankara a entamé un dialogue avec les responsables du PKK afin d’arriver à un accord de paix. Mais les livraisons d’armes dont bénéficient les Kurdes irakiens pourraient changer le cours des choses. Du moins, c’est ce que craignent les autorités turques.
« Les armes qui vont là-bas (Irak) ne doivent pas tomber entre les mains des organisations terroristes », a mis en garde Mevlüt Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, dans un entretien diffusé le 8 septembre par l’agence de presse gouvernementale Anatolie. « Nous avons exprimé notre sensibilité sur ce point (…) il sera difficile de contrôler la destination de toutes ces armes », a-t-il ajouté.
Étant donné son hostilité à l’égard du régime syrien de Bachar el-Assad, le gouvernement islamo-conservateur turc a été maintes fois accusé d’avoir soutenu des groupes radicaux contre les forces de Damas. Quitte même à leur livrer des armes. Ce qu’il a toujours nié. Mais il ne peut en revanche qu’admettre que des jihadistes étrangers rejoignent les rangs de l’EI en passant par son territoire…
Toutefois, et alors que l’EI retient en otages 49 de ses ressortissants depuis la prise de Mossoul en juin, la Turquie devrait participer à la coalition internationale que Washington cherche à former pour chasser les jihadistes du nord de l’Irak.