A Iskandaar,
Concernant la légitime défense, le problème, c’est que la seule légitime défense qu’envisage le Coran, c’est le meurtre, comme s’il n’y avait rien d’autre avant cette mesure extrême. Aucun doute que ce soit une possibilité, mais pas que ce soit la seule.
Ensuite, je vois trois points dans votre réplique, qui semblent exprimer trois présomptions de votre part : que j’adhèrerais au récit de l’Ancien Testament, que je serais de gauche et que je ferais mien le récit progressiste des Lumières. Je réponds à chacun d’eux.
1. Le premier point se réduit à la proposition qu’un mal en atténue, en excuse, voire en justifie un autre. Autrement dit, le récit théologico-politique de la Torah (du Pentateuque, donc) et du livre de Josué, un récit qui est ethnocentrique, raciste et belliqueux, atténuerait le bellicisme des injonctions du Coran. Cet argument est malheureusement fréquemment utilisé, bien qu’à son aune on puisse justifier ou excuser n’importe quel mal. C’est pourquoi, d’ailleurs, on doit le rejeter.
2. Mes interventions fréquentes (peut-être trop fréquentes) sur ce site sont là pour témoigner que je ne suis pas de gauche, au sens que ce dernier mot a pris depuis quelques décennies, mais que je souscris à la critique radicale de la gauche de Jean-Claude Michéa.
3. La présomption que je suis de gauche et celle que je fais mien le concept de progrès développé par les Lumières vont de pair, puisque la conception de la gauche, telle qu’elle se constituera à partir de l’affaire Dreyfus, va graduellement inclure cette notion de progrès. Donc, si je rejette la conception de la gauche post-dreyfusarde, je rejette, par là même, sa notion du progrès.
Cela dit, il faut tout de même rappeler (car c’est souvent oublié) que la position des Lumières n’est pas un dogmatisme, puisque l’autocritique et la procédure de vérification et falsification qu’elle hérite de la révolution scientifique des 16e et 17e siècles, en font partie. Tout n’est pas à rejeter, en d’autres mots, dans l’héritage des Lumières. En revanche, l’enseignement du Coran n’est pas correctible ou améliorable.
Il faut aussi voir que l’adhésion au progressisme et son prométhéisme n’est pas une exclusivité de la gauche. En témoignent le progressisme et l’itinéraire de vie d’un Filippo Tommaso Marinetti, le père du futurisme italien et le compagnon de route de Benito Mussolini.
(Suite et fin dans le prochain affichage.)