Le jeudi 6 mars, à Rome, lors de la Conférence internationale sur la Libye, le ministre italien des Affaires étrangères a considéré que le principal problème qui se pose dans ce pays meurtri est la « surimposition de légitimités ». Cet euphémisme archétypique du vocabulaire « politiquement correct » sert à cacher la vérité de la situation libyenne qui est tout simplement l’anarchie.
Cette manipulation sémantique illustre le désarroi de cette prétendue « communauté internationale » qui, au nom des « droits de l’homme » et de la démocratie postulée universelle, a déstabilisé un pays fragile. Aujourd’hui, elle n’ose même pas employer les mots justes pour décrire les résultats de la calamiteuse guerre qu’elle déclencha sans raison avouable contre le colonel Kadhafi.
Cessons de nous boucher les yeux en rêvant d’élections qui ne régleront pas les problèmes de fond pour regarder la réalité en face : en Libye, la situation devient de plus en plus confuse, de plus en plus anarchique et de moins en moins lisible. Le pays est livré à la loi des milices et les « autorités » ne font même plus de la figuration. Le 10 octobre 2013, le Premier ministre Ali Zeidan au pouvoir depuis novembre 2012, a ainsi été enlevé par des hommes armés. Tout récemment, le dimanche 2 mars 2014, à Tripoli, le Parlement (le CNG : Congrès national général), institution issue des élections de juillet 2012, a été pris d’assaut, en partie incendié et plusieurs députés blessés.
La « démocratisation » de la Libye est donc un tragique échec et la « croisade humanitaire » décidée par la France de Nicolas Sarkozy a débouché sur un désastre. D’autant plus que le rêve démocratique qui fit se pâmer BHL n’est même pas celui des Libyens puisque le 20 février dernier, les élections destinées à élire les 60 membres du conseil chargé de rédiger la nouvelle Constitution n’ont attiré que moins de 15% des électeurs…