Le président américain, Barack Obama, a exclu d’envoyer des forces terrestres sur le territoire irakien pour arrêter l’offensive de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui, d’essence jihadiste, s’est emparé ces derniers jours – et sans grande résistance – de Mossoul (2e ville du pays) et sa province (Ninive) ainsi que d’autres secteurs des provinces de Salaheddine, de Diyala et de Kirkouk. Cette organisation contrôlait, depuis janvier, Falloujah et exerçait une pression forte sur Ramadi.
S’il n’est pas question d’envoyer des troupes américaines, le chef de la Maison Blanche a toutefois indiqué être en train d’examiner un éventail d’options pour soutenir les forces irakiennes, sans préciser si de possibles frappes aériennes contre les éléments jihadistes étaient envisagées.
Visiblement, cette éventualité n’est pas écartée puisque le Pentagone a annoncé, le 14 juin, l’envoi du porte-avions USS George H.W. Bush dans les eaux du golfe arabo-persique, avec deux navires du Carrier Strike Group Two, à savoir le destroyer USS Truxtun et le croiseur USS Philippine Sea.
Jusqu’à présent, l’USS George Bush, qui a quitté son port d’attache de Norfolk en février, croisait au nord de la mer d’Arabie, avec son escorte. Le navire compte, notamment, à son bord des escadrons du Carrier Air Wing Eight, dont les VFA-213, VFA-87, VFA-31, VFA-15, tous équipés d’avions F-18 ainsi qu’une unité de guerre électronique (VAQ-134) dotée d’EA-6B Prowler.
« L’ordre de déploiement donné par le secrétaire à la Défense Chuck Hagel permettra au commandement en chef de disposer de plus de flexibilité si une opération militaire américaine devait être déclenchée pour protéger des vies américaines, des citoyens ou nos intérêts en Irak », a expliqué le contre-amiral John Kirby, un porte-parole du Pentagone.
Sur le terrain, les forces irakiennes ont lancé une contre-offensive et repris, le 14 juin, et selon le général Sabah al-Fatlawi, les localités d’Ishaqi et de Muatassam, dans la province de Salaheddine. Dans le même temps, les autorités ont annoncé avoir élaborer un plan de sécurité pour défendre Bagdad, dont la prise est l’objectif affiché d’EIIL.
La veille, le grand Ayatollah Ali Sistani a appelé les chiites à prendre les armes contre les jihadistes (sunnites). Ce qui a été dénoncé par le très controversé Youssef al-Qaradawi, président de l’Union internationale des savants musulmans, proche des Frères musulmans et consultant de la chaîte Al-Jazeera, basée au Qatar. Car pour lui, l’offensive d’EIIL est une révolte sunnite contre le pouvoir en place (dominé par les chiites)… D’où sa mise en garde contre une guerre confessionnelle.
De son côté, l’Iran, chiite, se dit hostile à « toute intervention militaire étrangère en Irak ». La porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Marzieh Afkhal, citée par l’agence Isna qui l’a interrogée au sujet du déploiement de l’USS Georges H. W. Bush, a estimé que « l’Irak a la capacité et la préparation nécessaire pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme ». Et d’ajouter : « Toute action qui compliquerait la situation en Irak n’est pas dans l’intérêt de ce pays et de la région. »
Cependant, la veille, le président iranien, Hassan Rohani (qui n’occupe pas la fonction la plus importante, étant donné qu’elle est exercée par le Guide suprême de la Révolution, ndlr) n’a pas exclu – et c’est inédit depuis 1979 – une coopération avec les États-Unis pour contrer les jihadistes en Irak. En outre, Téhéran s’est dit prêt à apporter un appui à Bagdad, sans toutefois aller jusqu’à envoyer des troupes.