Le Fonds Monétaire International (FMI) a exhorté les gouvernements des pays européens à apporter leur garantie pour inciter les banques à augmenter l’octroi de prêts aux entreprises afin de stimuler la reprise économique.
Autrement dit, il recommande que les contribuables financent des garanties pour permettre aux banques de prêter de l’argent lorsqu’elles sont dans l’incapacité de le faire, ou lorsque consentir un crédit est trop risqué.
Dans son Rapport sur la stabilité financière mondiale publié mercredi, le FMI constate que six ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, les banques qui représentent 40 % des actifs bancaires mondiaux ne sont toujours pas en position de fournir suffisamment de crédits pour soutenir une relance de l’économie. Dans la zone euro, cela est même vrai pour les banques qui détiennent près de 70 % des actifs bancaires.
Ce sont surtout les PME qui manquent d’accès au crédit, car les grandes entreprises ont la possibilité de se refinancer sur le marché obligataire, et elles ont de ce fait bénéficié du tsunami de liquidités avec lequel les banques centrales ont inondé les marchés. Or, les petites entreprises représentent 99,8 % de l’économie européenne, et elles ont désespérément besoin de fonds pour investir et recruter des employés, et stimuler ainsi l’économie.
Selon les économistes du FMI, ce problème est particulièrement vrai dans la zone euro :
« Alors qu’aux États-Unis, on constate une réelle amélioration dans le domaine des prêts consentis par les banques, « la croissance de l’offre de crédit réelle demeure en deçà de la moyenne qui a été enregistrée au cours des crises bancaires précédentes dans la zone euro et le Royaume-Uni. »
Cette inquiétude est aussi ce qui a motivé la BCE à présenter un plan de rachat d’actifs du secteur privé aux banques européennes, pour fournir des liquidités à ces dernières et leur permettre ainsi d’augmenter leur offre de prêt à l’égard des entreprises. Cependant, le FMI propose qu’en plus de cela, les gouvernements cautionnent directement ou indirectement les prêts ainsi octroyés.
Le FMI veut que les banques prêtent de l’argent aux personnes et aux entreprises, plutôt que d’acheter des obligations et des actions, avec l’argent que les banques centrales leur distribuent.
Toutefois, cette pénurie de crédit s’observe surtout dans les pays les plus touchés par la crise de l’euro, ceux où le chômage est le plus élevé, les taux de défaillance de crédit les plus forts, et là où les gouvernements ont le plus réduit leurs dépenses. Autrement dit, dans ces pays, l’environnement économique n’est guère favorable aux prêts, ce qui explique pourquoi les banques sont réticentes à consentir des prêts.
Dans les faits, le FMI demande donc aux gouvernements européens d’émettre des garanties sur le dos du contribuable pour contourner le problème de cette réticence des banques à prêter de l’argent dans les pays les plus vulnérables. On peut s’attendre à ce que cette nouvelle proposition ne réjouisse pas particulièrement les Allemands…
Les législateurs allemands se sont toujours battus pour que l’on évite de solliciter plus avant les contribuables allemands pour la survie de l’euro. Mais cette fois-ci, le message que leur envoie le FMI est clair : « vous n’avez pas le choix ».